Nombreux sont ceux parmi vous (au moins deux) qui me demandent de raconter
un peu comment ça se passe pour Lidia. Pour vous planter un peu le décor, il
faut vous dire que Lidia est la première étudiante de ce tout nouveau programme
de la faculté des lettres. Comme elle a déjà publié et qu’elle a un cv long
comme une oraison de Bossuet, elle a un peu été traitée comme une bête curieuse
au tout début, ses supervisors ne
sachant ce qu’un étudiant-écrivain comme elle venait faire ici, a Dundae Nouvelle-Zélande,
dernier arrêt avant la banquise alors qu’on lui proposait mieux à Cambridge,
MA. Mmmmhh ? C’est vrai ca ? Qu’est-on venu faire dans ce foutu
patelin coince entre les Walibi et les pingouins ?? Mais ca c’est une autre
histoire.
Donc, une première quinzaine d’observation, on se flaire, se jauge, s’explique
et puis….s’estime. Et là voila donc, vaillante petite maman debout dès
potron-minet (aaaahhhh comme j’aime), ce qui tient du miracle croyez-moi, pour
aller prendre le bus qui mène à l’université, en dehors de la ville, un peu sur
les hauteurs, à gauche derrière le kiosque à journaux (pour les ceusses que ca intéresserait).
Là, elle un grrrrrrrand bureau avec décoration façon intérieur des années 50 en
Allemagne de l’Est, tu vois, coquet certes, mais simple, sa ligne de téléphone,
son ordinateur de compétition (un Amstrad 256 ko, millésime 87, une bête de compétition !).
Elle a deux supervisors, deux américains
d’ailleurs, et le directeur du programme, un sorte de superbritish, franchement
scrogneugneu et proche de la retraite (bien méritée). Et la voila repartie, concentrée
comme du lait dans un tube, à peaufiner sa thèse sur….euuuh…sur quelque chose
de très chouette qui doit nous permettre, une fois publiée, de vivre en
retraités à Copacabana (où au Molay-Littry, on hésite encore). Eh oui, car
c’est là qu’est l’astuce, o ingénieuse Lidia : le sujet de sa thèse
constituera son troisième roman, d’où, d’une pierre deux coups (pas folle la guêpe).
L’année prochaine elle commencera aussi à enseigner ce qui lui fera de l’expérience
dans ce domaine et donc lui permettra de trouver un super-job pour que moi,
enfin, je puisse me dévouer corps et âme à la musique. Elle revient ensuite
vers les 16 heures et prend le vélo pour aller chercher les enfants (1 heure et
demi par jour tout de même) car moi, après être cogné les tâches ménagères, je
suis d’humeur peu patiente. Et pourtant, je fais des efforts colossaux. Tiens,
l’autre jour, Cédric rentre avec une espèce de gribouillis multicolore sur
une feuille de papier et me le tend tout fièrement :
- regardez Papa, j’ai fait
ca pour vous à l’école !!!!
- Rrrrroooooohhh (quelle horreur) qu’est-ce que c’est Cédric,
mmh ?
- Devinez !
- Voyons voyons….(la carcasse d’un char a Grozny ?), une
maison sur pilotis ?…non..( Miro,
Kandinski, Cabu ?)…une voiture plutôt….(je le tiens peut-être à l’envers ?) attends, attends…(une bouse de vache vue de la lune…ou le
contraire d’ailleurs)…..on dirait plutôt…un dinosaure !
- Noooonn, c’est un
chevalier !! Là il y a l’armure (bah
tiens ! suis-je distrait), là c’est les plumes (il est pas prêt de s’asseoir le chevalier en question), là c’est
la lance (manifestement cuite dans l’eau
chaude) et là c’est son bouclier (la
tâche de café là ?)!!! Voila c’est pour vous !
O joie ô bonheur ! Je vous entends d’ici, mauvais père, horrible père
etc. N’empêche qu’avant, ca partait fissa à la poubelle alors que maintenant,
j’ai créé une étape intermédiaire et je stocke ces dessins jusqu’à ce qu’ils
soient oubliés pour les classer verticalement dans un second temps. Raffiné
non ?
Revenons à notre Lidia. Parfois, il lui arrive des idées. Pour l’écriture,
c’est très bien. Pour d’autres applications, cela peut se discuter.
Achille, tu ne devineras jamais ce qu’est j’ai acheté.
- Dis toujours ?
- Il y a un laboratoire d’agronomie sur le campus et ils cultivent des
fruits et légumes. Là, c’était des kiwis à 2 dollars !
- Des kiwis de laboratoires… ? Qui ont le goût le de souris
grises ?
-J’en ai acheté 5 kilos.
- 5 Kilos ?!
-….c’est peut-être un peu trop…
- t’inquiètes, avec mon couteau multi-fonctions je vais te met concocter
une de ces confiture !
La semaine d’après, c’était des bananes…patience et longueur de temps…
Je me disais l’autre jour que je ne vous avais pas parlé des Maoris, qui
pourtant étaient là avant ces abominables colonisateurs britanniques. La
particularité de la relation entre les Maoris et les anglais d‘importation tient
à ce qu’au terme d’une série de batailles, il y a eu un traité comportant
plusieurs clauses de « bon voisinage », posant les bases d’une vie
commune entre autochtones et colonisateurs. Ce qui n’a pas été le cas en
Australie avec les Aborigènes. Et donc, normalement, il y a égalité de
traitement, de chances entre les Maoris et les descendants britanniques. Mais
c’est surtout vrai en théorie ; comme partout ou l’homme blanc,
civilisateur, esthète et philanthrope a mis les pieds... Les Maoris sont
proportionnellement plus nombreux en prison, atteignent moins souvent un niveau
d’éducation élevé et grossissent plus vite. L’impartialité affichée et
l’égalité des chances n’est pas la même selon qu’on naît Maori où anglo-saxon.
Les Maoris ont des tatouages impressionnants, parfois même sur le visage (Moko).
L’autre jour, je me suis retourné et trouvé face à un superbe Maori, costaud
comme un de ces All Blacks qui nous ridiculisent au petit déjeuner, dont le
visage représentait une carte d’état-major au 1/1 000eme de la région du
Molay-Littry (Calvados). Ca produit son petit effet, croyez-moi. Il y a
d’importantes mesures prises pour préserver l’héritage Maori, tant à travers les
sculptures dans les parcs publics, que dans la traduction systématiques en
langue Maori de toutes les inscriptions officielles, où encore, par le biais
d’une chaîne de télévision en langue Maori. Des noms de rues, de quartiers
(nous habitons à Whakarongo par exemple et « wh » se prononce
« f ») rappellent constamment la présence des Maoris. Voilà pour un bref
coup d’œil de ce côté-là. J’en découvrirai certainement plus au fil du temps.
Pour terminer, parce que cette chronique est un peu décousue et que je dois
retourner à mes gammes, je vous livre, à vous jeunes parents en manque de
solutions ingénieuses, une recette pour préparer rapidement un déjeuner pour
les enfants. Attention, cette recette n’est valable que tous les trois jours
Recette dite du troisième jour
Primo : gardez les restes des repas du jour 1
Secundo : gardez les restes des repas du jour 2
Tertio : mélangez les restes des jours 1 et 2, réchauffez, ajoutez de
la sauce tomate et du parmesan râpé, c’est prêt !
Qu’est-ce qu’on ne ferait pas pour les enfants.
Bye,
Achille