Eh oui, vous l'aurez deviné, ce coup-ci je ne vais pas pouvoir esquiver la chronique sur le rugby. D'abord parce que sur 4,2 millions d'habitants que compte ce pays, seuls 2 (non, pas deux millions, deux comme dans après un et avant trois), n'ont pas vu le match. En effet, IMPOSSIBLE de ne pas regarder. Même si comme moi, vous etes imprégnés de culture classique, avides d'art contemporain (et Danube), férus de littérature russe, pétris d’éducation aristocratique et que vous excellez dans l’humilité biblique, vous ne pouviez pas ne pas regarder cette extraordinaire finale du rugby. Il y avait quelque chose de gargantuesque (si), de titanesque (mais si !), de sismique (on est pas loin de Christchurch dois-je vous le rappeler ?) dans cette rencontre entre les All Blacks (qu'on attendait tant ils étaient bons) et le XV de France (tiens ? Qu'est-ce que vous foutez-la ?) qu'on attendait...euh...moins. Bref, même Lidia pourtant elle, sincèrement fana des choses de l'esprit, s'est preparee sa petite soiree rugby. Toute la ville etait silencieuse pendant toute la duree du match, apres, on a eu droit aux habituelles celebrations et joyeusetes (y compris feux de mobilier au milieu de la rue) mais tout ca dans une ambiance de tres franche camaraderie un poil arrosee de biere que meme-si-tu-me-files-100-balles-j'en-boirai pas. Le rugby ici, c'est pas loin d'etre une religion et depuis quelques semaines on vit une sorte de ramadam ou tout le monde se met au noir histoire d'afficher un soutien indéfectible a l’équipe nationale. Heureusement, les All Blacks ont gagne, sinon la semaine, voire les semaines au boulot auraient été délicates, d'autant que les Bleus ayant très moyennement joués tout au long de la coupe (et avant aussi parait-il), la pilule auraient été dure a avaler. Bref, le scénario ideal c’était que les Tousnoirs gagnent, mais a l'arraché histoire primo de mériter leur coupe, deuxio, histoire de montrer a tout le monde que les coqs français peuvent surprendre positivement. Et la on ete servis. Cédric, Albert et Sosthene vont pouvoir regagner les bancs de l’école la tête haute et tous fiers de la prestation de leurs aînés de la métropole. Et moi, je vais pouvoir enfin passer a autre chose et reprendre le fil de nos dernières pérégrinations !
lundi 24 octobre 2011
jeudi 20 octobre 2011
Un grand bond en avant !
Enfin, j’ai mis
la dernière vieille chronique en ligne ! M’a fallu changer tout un tas de noms
histoire d’adapter le récit a une diffusion intergalactique (et encore, j’me
suis retenu) et protéger les ceuss qui sont cites des attaques perfides et
insidieuses de tout un tas de gugusses qui penseraient a mal. Cela majeur (on
est musicien ou on ne l’est pas) étant dit, il faut tout de même que je joigne façon
saut dans le temps et l’espace la dernière chronique et celle-ci autrement vous
aller solliciter les moteurs de recherche pour essayer de dénicher une hypothétique
chronique que vous auriez loupe. Donc voilà, en quelques mots :
Nous avons déménagé
il y a deux ans et sommes passés du statut de locataire saigne à blanc par son
proprio a celui de proprio saigne a blanc par son banquier. Un emprunt sur deux
siècles a peine perceptible depuis qu’on s’est mis au riz, a la boite de thon
et aux fruits du vergers (que nous sommes en train de créer) a raison de tous
les jours, tous les repas. Nous avons trouvé une occasion en or si on fait
abstraction de voisins un peu turbulents, voire facétieux et leur manie de célébrer
différentes événements à grands coups de bouteilles de bière fracassées sur le
trottoir et de feux de joie dans lesquels on retrouve le mobilier de la
location dans laquelle ces jeunes drôles vivent. Mais A PART CA, c’est que du
bonheur. A 5 minutes du centre ville sans s’en rendre compte, une grande maison
type colonial, tout en bois et qui fêtera ses 100 ans l’année prochaine, c’est
dire si on est a deux doigts de l’inscrire aux monuments historiques. Chacun y
a sa chambre ou son bureau, sauf en hiver ou, pour économiser les frais de
chauffage, les Ladigue se plient au rituel de la transhumance et on va groupir
(de l’allemand : ich groupir, du groupirst, er groupirt etc…) dans deux
chambres. Au moment de l’achat, le jardin, qui était tenu par une petite
vieille proprette et méticuleuse avait des airs de Versailles, la, depuis qu’on
s’en est occupé, il ressemble plutôt a une jungle. Voilà pour la maison.
Les enfants ?
Eh bien, Cédric, Albert et Sosthène vont bien, ils vous remercient et commencent
par être de plus en plus auto-suffisants. Par exemple, ils savent se chercher
tous seuls quelque chose à manger dans le frigo, y a pas besoin de le leur préparer,
sauf peut-être pour Sosthène comme il est de mèche avec ses deux frangins, il y
en trouve toujours un pour l’aider à chiper quelque chose à grignoter. Ils
savent aussi accéder tous seuls a mes instruments de musique et mes bandes dessinées
sans que j’aie besoin de les leur donner. Enfin, c’est aussi tous seuls qu’ils
parviennent à prendre les lunettes de Lidia pour les reposer a un endroit dont
ils ne se souviennent plus, ou qu’ils réussissent à déraciner l’arbre qui
ressemblaient à une mauvaise herbe et que je venais de planter (« on se
disait aussi que c’était facile de l’enlever ! »). Bref, nous entrons
dans une nouvelle dimension celle de l’indépendance chaotique. En revanche, une
heureuse continuité dans les disputes témoigne de l’attrait jamais démenti qu’ils
prennent a se flanquer qui un poing dans le dos, qui une claque sur les cuisses
etc. A l’école, ils sont parmi les meilleurs, mais bon, avec Lidia comme maman,
qui en aurait douté. Il y a tout de même des différences, Cédric, si Lidia n’est
pas derrière à le pousser, il n’en secouerait pas une. Albert, si tu ne l’arrêtes
pas de lire, il oublie tout, même de respirer, Sosthène, pour l’instant, il n’a
pas trop de devoirs, mais bon, il oscille un peu entre ses deux frères.
Voilaaaaa pour les enfants.
Lidia maintenant.
Il y a eu du changement. Elle n’est plus à l’université locale, elle a changé
pour celle de la capitale a deux heures de route d’ici. Celle-là mineur
(laisse, j’me marre) est beaucoup plus adaptée à ses études et l’environnement
y est sensiblement plus professionnel et affectionné. Bref, depuis qu’elle a changé
de fac, elle se sent comme un poisson dans l’eau. Comme c’est pour son
doctorat, elle n’a pas besoin de s’y rendre tous les jours, une fois toutes les
6 semaines, elle prend le train de 6 heures du matin et revient le soir vers 22
heures. Qu’il vente, qu’il pleuve, qu’il gèle, qu’elle soit malade ou bien épuisée,
je ne l’ai jamais vu manquer un seul rendez-vous sauf lorsqu’un des enfants est
malade. Une force de la nature vous dis-je. Il y a un mois, elle a défendu sa thèse
avec succès et obtenu son doctorat. Il y a cependant quelques (saloperies de
merde de sacre nom de maudites) peccadilles ça et là qu’il faut corriger pour
que la thèse soit entièrement validée. Et comme ces peccadilles portent sur son
manuscrit, elle tient vachement a y consacrer le temps nécessaire pour que ça
au poil. Du coup son éditeur a mis le manuscrit au frais mais lui a donné un délai
pour rendre sa copie. Ce qui fait qu’elle tourne depuis 6 semaines au rythme de
12 heures de travail par jour, plus le linge, les devoirs des enfants et leur
cours de musique. Heureusement, je ne sais pas si je vous avais dit ça, mais l’étoile
montante du cinéma local à décide d’acheter les droits de son deuxième roman
pour en faire un film. C’était l’année dernière, et cette année, il a renouvelé
le contrat et annonce qu’il avait pratiquement fini le scenario. On est donc
vachement impatient d’en savoir plus.
Enfin moi, après
4 ans à m’occuper de trouver du travail pour les immigres, me voici attache
culturel de la ville, une sorte de retour aux sources. Pas grand ’chose à dire
si ce n’est que c’est un job formidable et que je m’y plais beaucoup. Sinon, le
groupe de rock après une année de passage à vide en 2010 a retrouvé des
couleurs cette année avec plusieurs concerts à Wellington et quelques nouvelles
chansons (que si ça vous intéresse, je peux vous donner le lien, mais faut me
le demander gentiment). A part ca, plein, plein d’anecdotes, sans parler de la
coupe du monde de rugby et de l’improbable performance des bleus qui se
retrouvent en finale. Mais, ca, je vous en parlerai après la finale !
Tchao,
Achille
lundi 3 octobre 2011
Fin et debut de Zorn et premier haka !
Quelque chose me
dit que j’ai eu raison de ne pas trop tarder à vous informer de la naissance du
célèbre groupe de rock Zorn. Le week-end d’après la semaine d’enregistrements,
le batteur me quittait et le guitariste aussi. Je viens de prendre une bière
avec le bassiste et, heureusement, il reste dans le coup…pour les seances
d'enregistrement (c'est dommage car je venais de decrocher un gros contrat pour
égayer les stations BP de la région avec ma musique…). Le batteur, je m’y
attendais un peu vu que ca faisait partie de l’accord de départ, il m’aidé à
enregistrer un album et a joué a mon premier concert, maintenant il plie ses
baguettes et s’instaure batteur de studio, ce qui le rend toujours
accessible…mais pas gratuitement et vu le niveau du bonhomme (phénoménal), va
falloir mettre les Ladigue à la diète pendant une semaine pour pouvoir se le
payer une heure. Donc exit le batteur. Le guitariste, Craig, c’était une
surprise, d’autant plus que je suis le bassiste dans son groupe. Il m’a
expliqué qu’il jouait déjà dans trois autres groupes, qu’ajouter un groupe qui
joue des compos originales par opposition aux groupes qui jouent des morceaux
connus, lui prend beaucoup plus de temps qu’il ne le pensait et que ce temps il
le prend sur ses propres compos etc, etc. Bref, on s’est quittés dans une atmosphère
de franche camaraderie, et ce n’est pas parce que c’est un enfoiré de première que
je vais lui en vouloir plus de 10 ans, hein, j’suis pas rancunier quand même
(sale type, j'aurais ta peau !).
Ah ! Il faut
aussi que je vous raconte la première de Zorn, épique ! Le 1er
mars, vous vous en souvenez (v’s’avez intérêt) je jouais la première de Zorn au
Petawchnock Music Festival (of the World). Bref, j’avais rameuté le ban et l’arrière-ban,
lancé une grande campagne de promo, tout au long des deux semaines ensoleillées
qui précédaient le grand rendez-vous de ce qui allait devenir, dans mon esprit
enthousiaste et fertile, mon concert fondateur. Le samedi 1er donc,
sous un crachin tenace et dru, nous voila arrivés a Petawchnock, dans un
chouette café en plein air, avec vue sur une magnifique vallée bordée a l’est
(laissez, c’est mon lyrisme naturel) d’immenses montagnes vertes et
moutonneuses. Nous on jouait sous un auvent donc très à l’ abri des conditions
climatiques peu en accord avec la solennité du moment. En face, l’immense foule
(47 personnes, dont Lidia et les enfants et facilement 1/10e des
personnes que j’ai contactées) s’est tassée sous le toit de la buvette d’en
face pour éviter la gadoue et le crachin. Du coup, mon trac est tombé d’un coup
vu que ca prenait une forme très improvisée. On a branché nos instruments;
Gabor s’échauffait a la batterie, et la, au moment de faire vibrer les cordes
de nos guitares, y a eu un grand Vouffffff, puis plus rien. Pas une étincelle,
pas une diode d’allumée sur le tableau de mixage. Plus de jus du tout, dans
tout Ashhurst. Le silence…TOTAL. On a attendu 15 minutes, 25 minutes, au bout
de 45 minutes, l’organisateur nous a fait savoir qu’on aurait de l’électricité
dans une heure mais que le programme suivrait son cours (ce qui revenait à dire
que notre performance tant attendue passait a la trappe). Du coup, on a plié
bagages et nous sommes allés jouer dans mon bureau, au Centre d’accueil des
Immigres avec ceux des fans qui voulaient bien nous suivre. A 19 heures donc,
au lieu de 17 heures, nous avons enfin commencé à dérouler nos chansons devant
une foule de 18 personnes (dont Lidia et les enfants, les partenaires des
musiciens, et trois refugiés congolais que je menaçais de reconduite a la frontière
s’il ne faisaient pas acte de présence et quelques vrais fans en délire). N’empêche
que les quelques pèlerins ont adoré au moins 5 des 7 chansons de Zorn, et ca,
hein, tout de même, c’est pas rien. Y en a même une qui m’a commandé un cd
(sous presse d’ici deux mois) avec ce formidable compliment qui fait tout de
suite chaud au cœur, « dans mon bled en Limousin, a Saint Locdu le Vieux,
y avait un groupe qui jouait pratiquement le même genre de musique » (pour
toi ma chère, le cd, ca va être 150 dollars….). Bref, après ce succès d’estime
(expression consacrée pour travestir « foirage grandiose»), le groupe était
prêt pour aborder la semaine d’enregistrement. 6 heures de studio par jour
pendant une semaine après le travail…autant vous dire que j’ai terminé sur les
rotules et que ca se sent dans les chansons. Va falloir rejouer certaines
pistes à la maison. Mais bon, la basse et la batterie sont excellentes. C’est déjà
ca.
Maintenant, je
prends un peu de repos d’autant que le tour est maintenant à Lidia avec la
promo de son bouquin qui va sortir en avril. Random house met le paquet dans ce
pays ou l’amour de la lecture passe après la passion pour le rugby, le jeu, la bière,
et pas mal d’autres choses. Normalement, elle a deux interviews à la télé sur
la première chaine, une radio et quelques interviews pour la presse écrite. La
elle vient de terminer un entretien de deux heures (deux lignes dans
l’hebdomadaire ?) pour NZ Listener avec un journaliste qui lui a demande
si elle était juive (question que lui avait posée la directrice de la
communication de Random House), ce qui indique qu’elle a bien fait son travail
de recherches sur le personnage d’Elsa Kor. Croisons les doigts ! En tous
cas Lidia retrouve un rythme de travail plus humain et l’autre jour, alors que
nous avions assiste a un Hangi (je vais vous expliquer) une semaine plus tôt, Lidia
nous a fait spontanément une démonstration de haka à diner, que j’en ai encore
des frissons (alors que Cédric, Albert et Sosthène en pleurent encore de rire).
Vous auriez du la voir en train de marteler des mots gutturaux, la bouche
grande ouverte, les yeux exorbités et les sourcils férocement froncés, une
vraie Maori a la veille d’une compétition internationale de rugby. Cédric s’est
vite mis au diapason et j’ai eu droit pendant une demi-heure à un vrai haka à
vous déchirer les tympans. Tout ca est venu d’une invitation il y a dix jours
de cela à assister à un Hangi, qui est la façon de cuisiner Maori. Ca prend 5-6
heures (le fast food repensé par les Suisses) car tout est fumé. C’est-a-dire
que vous pratiquez un trou dans le sol (de votre cuisine par exemple, juste a
cote du four a pyrolyse), que vous entassez des braises et dessus, vous mettez
pommes de terre, carottes, poulet et viande de bœuf. Enfin, pas vraiment dessus
car ca brule rapidos, en fait un peu au-dessus car le tout est cuit non pas
directement par les braises mais par la chaleur qui s’en dégage (d’ou les 5-6
heures de cuisson). Ensuite, 6 heures plus tard, à peine, hop, c’est prêt. Si
vous aimez le gout de la fumée, vous allez TOUT aimer. A l’inverse, si vous ne
l’aimez pas, va falloir faire semblant. Personnellement, j’ai trouvé le gout de
fumée assez présent, les carottes très sèches, les pommes de terre aussi, la
viande itou. Mais Lidia a trouvé cela « positivement intéressant et très diététique ».
Ce hangi était précédé du fameux Haka que certains d'entre vous ont peut-être
vu lors du mondial de rugby…? Une trentaine de jeunes habillés de noir et de
blanc alignés sur trois rangées. Derrière, un guitariste donnait le tempo et la
musique. La, les jeunes ont commencé à trembler des mains et a se constituer de
féroces visages, a deux doigts de vouloir nous manger tout cru. Au son
franchement guttural (en d'autres temps le gars aurait fait carrière dans
certaines institutions d'Outre-Rhin) d'un Maori fou de rage, la première rangée
de jeunes filles s'est mise à faire quelques mimes. Puis, soudainement, alors
qu'elles mimaient sans doute la rencontre avec un autre peuple (les premiers
colons anglais et leurs menaçantes caisses de pudding et de bière tiède),
surgit de derrière elles le rang des jeunes gens franchement hostiles, l'air
martial, les avant-bras brandis comme autant de machettes et les jambes très
largement écartées. Cédric m'a regardé mais j'ai senti que si je croisais son
regard à ce moment, il allait exploser de rire. En revanche, Albert et Sosthène
étaient saisis par l'effet et captivés par le spectacle assez fascinant de ce
haka (a un moment cependant, devant l'air inquiet d'Sosthène, je me suis
demandé s'il n'avait pas fait haka dans sa ulotte, allez savoir…1)…d'ou
le haka d’hier fait par Lidia (effet secondaire sans doute).
En clair, chaque
occasion de rire est saisie et qu’il est difficile mener cette petite troupe de
couillus de façon disciplinée. Mais bon, Cédric nous aide de plus en plus même
s’il faut le lui rappeler une centaine de fois en trois minutes et Albert
commence à être moins maladroit (ce qui jusqu'à présent le dispensait d’aider
vu qu’il provoquait une catastrophe a chaque fois qu’il ramenait une assiette
ou un verre a la cuisine). Le 2 avril, il fait son entrée dans l’école de Cédric
et du coup l’aimable pression que j’exerce sur lui, a fini peut-être par lui
faire comprendre qu’il fallait qu’il s’applique un peu dans ses différentes activités.
Il a un coté très factuel associé a une nonchalance qui fait que c'est toujours
lui qui se prend la marche, le tapis, la porte vitrée, le pied de la table,
fait tomber l'assiette, l'assiette avec les couverts, l'assiette pleine de
pates avec les couverts dessus, l'assiette pleine de pates avec les couverts
dessus sur le logo de mon groupe travaillé a la main pendant deux heures
(rrrrrrooooggnnnnnnntttuuuuddddjjuuuuuuuu Vvvvvvviiiiiiiiiictoooooooooooorr
!!!!!!!!!!). L’autre jour, il tombe assez rudement parce qu’en courant il ne
regarde que ses pieds et forcément, il n’a pas vu qu’il courait tout droit vers
LE SEUL arbre de tous le terrain de jeux (10 000 mètres carres tout de même).
Bref, BING ! l’arbre en pleine figure. Albert tombe et dit : "je
suis tombé parce qu’il y avait un arbre sur mon chemin ". Pas faux
remarquez. Evidemment, comme Cédric se met à rire, ca le fait pleurer. Tout
rentre dans l’ordre finalement. Sosthène, profitant des bêtises et initiatives
de ses frères (Cédric étant celui qui va systématiquement chercher à faire ce
qui est interdit), s’amuse apporter sa petite touche personnelle. En clair, les
enfants, c’est gentils parfois, mignons de temps en temps, fatiguant tout le
temps, ca coute cher, c’est bruyant et c’est ingrat. Si moi-même je n’étais pas
passé par ces stades-la, je me demande si j’en aurai eu, ai-je demandé a Lidia consternée
(généralement faut rajouter "ben quoi" pour mériter une baffe mais je
m’arrête avant). Mais bon, d'ici quelques années, ils vont entrer dans
l'adolescence et la ca commencera vraiment à m'intéresser. En attendant, je
surveille Albert qui tente péniblement de ramasser ses pates…
A la prochaine,
Achille
1 Je sais, mais celle-là je ne pouvais pas la laisser passer tout de même,
hein?
Du rugby chez les kiwis
Et voila,
Presque six semaines de toux, de fièvres, de grippes, et de tout un tas de
virus que les enfants se refilent entre eux façon Mistigri et qu’on se les
trimballent chaque fin d’après-midi chez le toubib pour aller prendre ensuite
les médicaments chez le pharmacien qui te me prépare la potion en direct live
devant toi. La plus petite crème vous dis-je, est fabriquée devant vous….de
vrais petits alchimistes. Bref, Lidia et moi, à force de dévotion et de
contacts, on a fini par l’attraper aussi. Enfin, surtout Lidia avec sa fine
constitution et son brillant esprit alors que moi, l’ours de la famille, j’ai réussi
à toiser le virus de haut avant qu’il ne vienne me chatouiller le fond de la
gorge (exclusivement la nuit), me boucher le nez jusqu'à me donner une semaine
de migraine. Heureusement Lidia, qui est
toujours pleine de ressources, et méfiante comme moi a l’égard des
antibiotiques et autres remèdes à base de cortisone, nous a concocté pendant
tout un week-end, des plats à base d’ail bien frais. Le croirez-vous, en 48
heures, elle et moi avons mangé 7 têtes d’ails. « T’es sure que ça va nous
guérir ça ? » « Mais oui, je t’assure, c’est plein de vitamines
qui tuent les microbes comme ceux que nous avons » « Certes certes, ça
tue aussi les rapports de bon voisinage… ». Et, miracle, lundi matin, je
me réveillais pour la première fois depuis une semaine, sans mal de tête et
sans sinusite. Lidia itou.
Il s’en passe des choses intéressantes chez nous me direz-vous… Et tout ça
alors que l’hiver ici est plutôt tiede, un petit 12 le matin histoire de rendre
le saut du lit plus courageux (on a une maison qui conserve bien le froid…)
mais ensuite, on avoisine les 17 degrés printaniers. Ce qui est incroyable (si
si j’vous jure), c’est qu’il y a toujours des fleurs en fleur, des arbres
feuillus, des sapins touffus, (et des néo-zélandaises joufflues) quelle que
soit la température. Alors que chez nous, lorsque vient l’hiver, tout fout le
camp non ? Bon, ben pas ici. Et c’est très très agréable.
J’en profite pour faire un rapide tour d’horizon des préoccupations
Palmerstoniennes : d’abord, il y a la coupe du monde de Rugby à Paris et
25 000 supporters kiwis vont aller soutenir les All Blacks.. Et y a pas intérêt
a ce que les Frenchies se moquent du haka (danse de guerre traditionnelle
Maori), sinon ça rouspètera dans les chaumières et les expatriés d’ici vont dérouiller
sévère. Parce qu’ici, le rugby c’est un peu la deuxième religion du pays. Mais
bon, je dis trop rien parce qu’en France, le foot, n’est-ce pas…il y a tout de même
plus de pèlerins dans les gradins que sur les prie-Dieu. Autre préoccupation,
les élections municipales. Pour l’instant on a une chouette mairesse
(mairette ?, je sais plus comment on dit en français de gauche), mais il y
a deux trois gugusses qui voudraient bien la faire choir de son poste et du
coup les couteaux s’affûtent sur fond de solidarité supra-politique en vue
de…la coupe du monde de rugby. Néanmoins, comme notre Ethnic Centre est le
point d’attraction de tous les immigrés, on a comme ça des hommes et femmes
politiques qui viennent plein de sollicitudes écouter avec un air de brahmane
inspiré nos avis et nos recommandations. Poignée de main, photos, claques dans
le dos, et hop, c’est reparti pour un tour. La troisième préoccupation concerne
les élections nationales ou on a le choix entre l’actuelle Première Ministress
(j’hésite, mais ca me parait convainquant comme orthographe) Helen Clark, qui a
manifestement un bilan plutôt élogieux a son actif, et de l’autre coté, un businessman
plein aux as, ancien de chez Merryl Lynch, recyclé dans la politique.
Et…..comme les immigrés représentent un de ces problèmes récurrents dans toute société
économiquement développe, on vient nous voir plein de sollicitudes, pour
écouter avec un air de brahmane inspiré nos avis et nos recommandations. Poignée
de main, photos, claques dans le dos, et hop, c’est reparti pour un tour. (oui
je sais, je l’ai déjà dit, que voulez-vous, j’ai mes paresses).
Heureusement, pour egayer cotre quotidien, vos trajets dans le metro
(encore que le terme « egayer » me parait osé…)il y a LA GRANDE
NOUVELLE que vous attendez tous, MAIS QUAND VA DONC SORTIR LE FAMEUX LIVRE DE LIDIA ???
Et bien…aujourd’hui ! Si. D’ailleurs, je suis prêt à vous donner le
lien sous pli discret si ça vous intéresse.
Sur ce, je vous souhaite une bonne lecture et une bonne rentrée.
Achille
Le boulot, les enfants et le reste
Les Ladigue a Dundae 9
Le Centre d’accueil pour Immigrés dans lequel j’officie n’est pas logé dans
la meilleure aile du Louvre. On peut même dire que c’est dans une sorte de
cuvette en bout de pente douce. La lumière y est joyeusement fournie par des
néons à vous plonger dans l’atmosphère chaleureuse et décontractée du bloc
opératoire du Dr. Frankenstein. Mon bureau se trouve au bout d’un couloir tout
tapissé de délicats présents offerts par les réfugiés/immigrés venus trouver
ici, qui un havre de paix, qui une aide attentive. Et donc mon bureau se trouve
derrière une porte bleue, assez grand malgré les deux tables surmontés
d’ordinateurs dernier cri (Amstrad et Honeywell Bull) qui occupent un espace
trop important à mon goût. Une grande vitre donne sur une terrasse doucement
pentue qui s’abandonne sablonneusement dans le clapotis délicieux d’une eau
turquoise dentellée de nacre…Bref, ca donne sur les restes d’un chantier vu
qu’ils ont arraché une maison y a pas longtemps. J’ai tiré sur les stores pour
m’épargner cette vue peu ragoûtante, mais tout m’est tombé dessus, tringle,
cordelettes, lamelles de plastique, sans espoir de réparation. Les murs de la
pièce sont nus et rugueux because une espèce de crêpi gris façon revêtement
pour Panzers contre les mines anti-chars donne une idée du charme spartiate et
quelque peu désuet du bunker de Hitler dans les premiers jours de printemps
1945. Bref, je vous ai décoré le tout de posters un peu plus folichons, de
photos de famille. Alors mon job en quelques mots consiste à aider les réfugiés
et les immigrés qualifiés (ceux qui sont autorisés à entrer sur le territoire
néo-zélandais, vous savez, la mesure qui fait hurler les biens-pensants en
France et que les US, le Canada, la NZ entre autres appliquent depuis des
décennies) à trouver un job assez rapidement. Je prends donc mon bâton de
pèlerin et vais rencontrer des employeurs, agences de recrutement pour leur recommander
mon client surqualifié, mais généralement sans expérience professionnelle en NZ,
ni diplôme NZ. Parfois c’est facile, parfois faut ramer. A part ça, tout va
très bien. Les enfants se sont complètement acclimatés, Cédric est conu comme
le loup blanc et chaque fois que des adultes nous saluent, nous nous tournons
vers Cédric : "ce sont les parents de qui, ça ?" Cédric et Albert
sont comme larrons en foire, encore que souvent, ils en profitent pour se
disputer plus que pour jouer ensemble. Phénomène nouveau, ils commencent à
utiliser l'anglais entre eux, ce qui me hérisse le poil. L'autre jour, au lieu
de ranger la salle a manger et de nettoyer la cuisine, je les entends dans le
salon, ou Cédric prétextant un mal imaginaire se fait ausculter par Albert:
-(Albert) does it
hurt here?
-(Cédric) you have
to massage the foot
-(moi) Cédric ! Parle en français avec ton frère !
-Oui Papa. Mais
c'est Albert qui a commencé
-I can massage
the foot?
-Albert, nom
d'une pipe ! Parle en français !
- C'est Cédric
qui a commençé
-(Albert) Does it hurt here?
- Cédric) No, you
have to massage the back
- Bon sang mais
vous vous moquez de moi?? Parlez en français, bon sang de bon soir, c'est votre
langue secrète ici, alors gardez-la, flûte à la fin (merde quoi, faites chier !)
-Can you play the
doctor?
-Albeeeeert !!! Tu
me fatigues maintenant !! Tu refuses de parler français; je vais te mettre au
coin pendant dix minutes !!
--(Albert) It's not me !!!
- Allez hop! File
dans ta chambre !
-Buuuuaaaaahhhhhhh
!!!
-Et pleure en français
je te prie !!
-Ouiiiiiiiinnnnnnnnnnnnn
!!!!
-Et moi Papa, je
peux jouer avec mon costume de Superman ? Parce que dans le cartoon il est très
très fort et moi aussi je veux être très très fort.
-Dis donc,
t'avais pas à nettoyer la salle à manger et la cuisine par hasard ?
-euuh non? Je ne
me souviens pas? Je peux jouer d'abord avec Superman?
-Et comment Cédric!
Toi et Superman, vous allez prendre le retro-balai a rayons X et me nettoyer a
grands coups d'éponge radio-laser la table et le parquet et me mettre toutes
les miettes intergalactiques que tu ramasseras avec ta pelle au bifidus actif
dans la poubelle cervo-broyeuse. On fait comme ça ?
Et hop, emballez,
c'est pesé. Non mais. De qui se moque-t-on ?
N'allez pas
croire que je ne suis qu'un père fouettard qui formate ses enfants façon régiment
d'infanterie. Mais disons que Lidia et moi nous répartissons équitablement les
taches ainsi que les faveurs. Et en matière de prise de risques, je suis
vachement plus décontracté que Lidia chez qui la recherche de la sécurité empêche
parfois toute initiative ou marge de manœuvre. L'autre jour, j'ai emmené les
enfants au parc pendant que Lidia buchait à la fac. Il y avait sous les fougères
géantes et les palmiers, une attraction assez réussie: d'une tour haute de 4 mètres,
partait un long câble en pente douce jusqu'au sol 20 mètres plus loin. Evidemment,
Cédric chez qui plaisir rime avec risque nous tannait pour le laisser se
suspendre a une sorte de minuscule siège, du genre tire-fesse qui pendouille
comme une vieille paire de….euh…de boucles d'oreilles (v'voyez le genre ?)
au-dessus du vide. Lidia, rien qu'à regarder le sommet de la tour, tournait de
l'œil et faisait jurer Cédric que jamais, o grand jamais, il ne monterait là-dessus.
"et toi aussi Achille, tu me promets de ne jamais le laisser grimper
la-haut, n'est-ce pas, c'est pas autorisé en dessous de huit ans" (Cédric
en a 5). "Mais enfin chérie, voyons, tu penses bien que non ! Croix de
bois, croix de fer, si je mens je vais en enfer" et de cracher pieusement
sur le chapeau d’Albert que je n'avais pas vu accourir par l'arrière. Donc
l'autre jour (ben oui je sais, je pourrais vous la faire courte, mais ca
m'amuse et si ca vous emmerde, z'avez qu'a lire Les Echos), nous voici déambulant dans ledit parc et Cédric de sa
voix stridente :
-
Papa,
Papa, est-ce que je peux utiliser la balançoire ?
-
Mouais,
je sais pas, c'est quand même très très haut et il faut faire très très
attention et maman nous a interdit de monter parce que tu n'as pas huit ans et
qu'ensuite si tu tombes va falloir que je lui explique pourquoi je t'ai laisse
monter et ce sera ensuite râpé pour aller faire une vraie virée lorsque tu
auras quinze ans et que je t'emmènerai en ULM ou sauter en parachute au-dessus
du lac Tapas et qu'on y ira se prendre une mousse et que tu me demanderas des
conseils pour faire le bon choix entre toutes les nanas qui te courront après
et qu'il faudra que je devienne ton directeur de casting pour te permettre de
pas te disperser dans le tout venant a taille basse et surcharge pondérale, tu
vois ce que je veux dire ?
-
Non
?....je peux faire de la balançoire là-haut ? S'il vous plait papa ?
-
Bon
d'accord. On va y aller ensemble comme ca je te tiendrai dans mes bras. Attends
que je mette Albert dans la poussette histoire qu'il ne prenne pas la tangente
(ce con-la).
Et au moment ou je me préoccupe de caser Albert dans la double poussette,
devant Sosthène pour que celui-ci lui tire les cheveux et que leur attention
soit totalement accaparée par le conflit qui ne manquera pas de s’en suivre,
v'la Cédric qui pique un sprint, grimpe au sommet de la tour, s'empare de l'espèce
de tire-fesse minable et hop, vas-y que je te me jette dans le vide. C'est a ce
moment-la que je me suis retourné et l'ai vu partir a toute berzingue (tiens,
faudra que je recherche ce mot tire de mes souvenirs de gamin) fendant l'air de
son air hilare.
-
(P……
de b…… de m…… le c…. ! Mais quel c……!)
-
Regardez
Papaaaaaaaa, je vooooooole
-
(surtout ne pas respirer, ne pas frémir, ne
pas imaginer autre chose qu'une arrivée saine et sauve….gnnnnnnnnnnnn)
-
Ca y
est je suis arriveeeee !!! C'est super chouette !!!
-
Très
bien (petit con) Cédric, trrrrres
bien, mais tu aurais peut-être pu m'attendre comme je te l'avais demandé, hein
(triple andouille), mmmmh, n'est-ce
pas ? (bon, maintenant va falloir faire
des coupures dans le récit pour Lidia)
-
Je
peux recommencer Papa ?
-
(T’es pas bien non ?) Non Cédric, il va
falloir qu'on rentre. Et puis tu sais, ce serait mieux que tu ne racontes pas
trop ca a Maman (des fois qu'elle fasse
un infarctus juste avant de me coller a l'amende)
Et c'est ce fourbe de Albert avec sa petite tête de gentil italien qui
vendu innocemment la mèche….Tu quoque
filii disait Jules.
Quelques remarques sur les particularités locales de la vie
quotidienne :
-
l'eau
est gratuite
-
les
communications téléphoniques inter-urbaines sont gratuites
-
les
restos sont de qualité très moyenne, sans parler du vin qui confine a
l’injection de migraine.
-
L’électricité
est vachement chère, du coup la température dans la maison plafonne a 12
degrés….ce qui est vivifiant, vous en conviendrez.
Mon job
maintenant. En clair et comme je vous l’ai dit plus haut (heureusement que je
viens de me relire…) je m’occupe de fournir du boulot pour les immigrés et les
réfugiés. Les immigrés sont des immigrés qualifiés dont les qualifications
professionnelles ont été visées, disséquées, comparées, éprouvées, commentées,
requalifiées et ajustées par les services de l’immigration au terme d’un
processus de plusieurs semaines voire de mois.. Mais depuis que les réfugiés Matongolais
savent qu’il y a un français au Ethnic Centre, je les vois tous les jours et
m’occupe parfois un peu d’autres choses que de leur trouver du travail.
-
Alors
Antoinette, qu'est-ce qui vous amène ?
-
J'ai
un problème Monsieur Achille
-
Je
suis la pour ca. On va vous trouver un job. Ne vous tracassez pas. Voulez-vous un
café ?
-
Non
merci. Mais vous pouvez en prendre un.
-
Non
merci, j'en aurai pris un si vous en aviez pris un.
-
Si tu
veux Monsieur Achille, je peux en prendre un comme ca tu peux en prendre un
-
Non,
non, c'est si tu (on se tutoie maintenant ?) en prenais un que j'en aurais pris
un, mais comme tu n'en prends pas, je ne vais pas en prendre un…enfin peu
importe. Alors, dis-moi de quoi il s'agit.
-
Voila,
je voudrais faire venir mon compagnon et ma fille a Dundae.
-
Ah
bon, je croyais que tu cherchais un job ?
-
Ca aussi.
Mais je voudrais faire venir mon compagnon et ma fille Monsieur Achille
-
D'accord.
Ou est le problème ?
-
Je
n'ai pas déclaré mon compagnon au départ du Talaboustan quand le Haut Commissariat
aux Réfugiés nous a embarques pour la Nouvelle-Zélande. Mais je l'ai déclaré a
notre arrivée a Mangaré.
-
Mangaré
?
-
Oui,
c'est près d'Auckland, c'est la qu'on nous accueille et qu'on nous repose des
questions sur notre situation. On déclare une fois au départ, au Talaboustan,
et une fois a l'arrivée, a Mangaré. Et les gens de l'immigration regardent si
les déclarations correspondent.
-
Mais
pourquoi n'as-tu pas déclaré ton mari et ta fille au départ du Talaboustan.
-
En
fait c'est pas mon mari, c'est mon compagnon. Mais il s'est toujours occupe de
ma fille.
-
Et la
fille alors ? Comment s'appelle-t-elle d'ailleurs ?
-
Justine
-
Bon
et Justine, pourquoi ne l'as-tu pas emmenée avec toi ?
-
Euh…parce
qu'elle était pas avec moi…
-
Comment
ca ?
-
Elle était
avec son père…
-
Aahhh…
parce que ton compagnon c'est pas son père…..
-
Si !
il s'en est toujours occupe !
-
Je
veux dire que ce n'est pas son père biologique, alors ?
-
Oui
c'est ca. Mais il s'est toujours occupe de mes filles ?
-
Tu as
une autre fille ?
-
Oui.
Elle s'appelle Aimee. Elle est ici avec moi.
-
Mais
lors comment se fait-il que le père biologique ait laisse partir une fille et
ait garde l'autre. Comment s'appelle le père biologique d'ailleurs….parce que
je crois que je vais prendre quelques notes tout de même…
-
Euuuhhh…
-
Tu ne
te souviens plus de son nom ??
-
…….attends….je
regarde sur mon portable….
-
Bienbienbien…..
-
Il
s'appelle Louis-Barnabé mais tout le monde l'appelle "Carl"
-
Ben
forcement….bon alors, comment se fait-il qu'il ait laisse partir une fille et
pas l'autre ?
-
Ah
mais non, c'est pas le père de Aimee !
-
C'est
ton compagnon le père…
-
Mais
non, son père il a été tué pendant la guerre…mais mon compagnon s'en est occupe
comme si c'était son père…
-
Au Matongo
?
-
Au Talaboustan
-
Le père,
y s'appelle comment ?
-
Au Talaboustan
?
-
Au Matongo.
-
Il s'appelait
Hippolyte Désiré…
-
Mais
on l'appelait "Frankie" ?
-
Comment
?
-
Non
rien…Bon et votre compagnon ?
-
Salatong-Michel
Louis
-
Louis
c'est son nom de famille ?
-
Non…son
nom de famille c'est Kibunda Mungo-Mithoulis
-
(pfffffff…..j'aurais du prendre une plus
grande feuille) Bon. Et lui tu l'as déclaré au Talaboustan et a Mangaré.
-
Non
juste a Mangaré.
-
Et
avec lui tu n'as pas eu d'enfants ?
-
Si.
Une fois quatre, et deux fois des jumeaux ; mais ils sont morts a la
naissance. L'infirmière avait fait une erreur. D'ailleurs c'est pour ca que
j'ai des problèmes de santé et qu'il faut m'aider à trouver un travail,
monsieur Achille.
-
Ah…………………….Euh,
mais alors vous avez été séparés juste avant l'embarquement pour la Nouvelle-Zélande
?
-
Non,
en fait ma fille Justine, elle vit chez son père depuis 4 ans.
-
Depuis
4 ans !!?
-
Mais
alors ton compagnon la, Barnabé-Carl,
-
Non
c'est Louis-Barnabé mais on l'appelle Carl, faut suivre Monsieur Achille
-
Je
fais ce que je peux….! Je sais que c'est limpide, cependant…hein..? Je crois
que je vais prendre un café…
-
Je
vous cause des soucis Monsieur Achille ?
-
Mais
non mais non…on va trouver une solution…. Reprenons, Carl donc, tu veux le
faire venir en Nouvelle-Zélande ?
-
Ah
non pas Carl Salatong !
-
Donc Salatong,
pour résumer, c'est le père de personne et c'est pas ton mari, et vous ne
l'avez pas déclaré au Talaboustan, et tu-vous (j'sais plus si on se vouvoie ou se tutoie) veux le faire venir ici,
c'est bien ca ?
-
Oui
c'est ca.
-
Et
pourquoi tu n'avais pas déclaré Justine au Talaboustan ?
-
Mais
si je l'avais déclarée. Et son père était d'accord mais au dernier moment, la
famille de son père a refusé de me donner mon enfant et j'ai du partir sans
elle. Mais si j'ai pas déclaré mon ami c'est parce que mon oncle m'a dit que
cela m'empêcherait de partir avec le HCR alors je ne l'ai déclaré qu'a Mangaré
pour que j'aie une chance qu'on soit réunis en Nouvelle-Zélande.
-
Ta
fille et toi
-
Mon
ami et moi
-
Et
pas ta fille ?
-
Si
aussi. Mais si je dois choisir, je préfèrerai mon ami.
-
…………………………………..
Voila une bien
longue chronique. Et pas de photos pour alléger le tout. Une simple nouvelle,
il semblerait que la sortie du livre de Lidia soit ramenee au mois de juillet
contrairement a septembre, mois initialement prevu. En tous cas, il va bientôt
sortir !
A bientôt,
Achille
Musique et politique
Et hop me revoilà
avec ma 8e chronique, si mes comptes sont bons. Je sais, je vous ai fait encore
plus poireauter que la fois précédente, notez cependant que je ne me présente
pas les mains vides, bien au contraire, plus de nouvelles et en prime, pour
ceux qui se sont abonnes pour la modique somme de 50 bouteilles de Tariquet
« Les premieres grives » et 5kg de camembert au lait cru, quelques
photos d’ici-bas, supposées illustrer l’environnement merveilleux dans lequel
la tribu des Ladigue d’Ondaine évolue depuis septembre dernier. Attention, j’en
connais des pisse-froids, aigris, jaloux, envieux et autres constipés du bulbe
qui vont y aller de leur « ah mais c’est pourri comme ville »,
« mon Dieu, mais c’est sinistre », « absolument aucun
charme », « bouh que c’est laid » et ils n’auront pas tort. Pour
les façades Art Déco ou Renaissance, c’est sans doute pas ici qu’il faut
chercher…Mais que voulez-vous, on ne peut photographier la gentillesse des gens
et mon appareil n’était pas assez puissant pour photographier les collines
environnantes surmontées d’une centaine d’éoliennes, ni l’extraordinaire
caverne aux lucioles. En tous cas, vous en tirerez au moins l’impression que la
ville n’est pas étouffante (sauf évidemment, l’hôtel de ville, a moins avis
construit par le fils du Dr. Fritz Todt, encore que ca pourrait être Le
Corbusier tellement c’est laid).
Bien, première
nouvelle : j’ai un job. Et comme vous me connaissez, je ne vous
surprendrai pas en vous disant que c’est très mal paye mais franchement intéressant.
Je suis depuis un mois, le nouveau….« Employment Facilitator » du Centre
d’accueil pour immigrés. En fait, je procure un job pour les refugies et
immigres fraichement débarqués a Dundae. Comme…moi par exemple. Mon prédécesseur
ayant été plus ou moins congédié il y a trois mois, il m’a fallu remettre de
l’ordre dans le chaos des dossiers et relancer la machine. Je sais, décrit
comme ca, le job a l’air moins folichon que Ministre de la Défense de la République
de San Marin, pourtant, ami(e)s sarcastiques, grâce a ce boulot, je connais déjà
la moitie de la ville, accolade du maire, claques dans le dos ou promesse
d’invitation a diner des huiles locales avec félicitations du jury et photo dédicacée
de Helen Clark, Premier Ministre de Nouvelle Zélande. Sans parler que mon coach
au centre est le bouillonnant Kevin de Belfast, dont l’accent à couper a la tronçonneuse
et le débit façon mitrailleuse lourde m’ont replongé dans mes premières affres
de la découverte de la langue néo-zélandaise. La veille d’une soirée culturelle
au Centre, organisée sur le thème de l’Irlande, et animée par lui, je lui
demandai :
-are you going to prepare a special meal ?
-Na, ya just bring whatever ya want?
-What? You’re not gonna offer a special Irish meal? By the
way, what sort of meal is an Irish speciality?
-……..starvation.
Voila, avec ca
vous avez le bonhomme. Connu comme le loup blanc en ville. D’ailleurs, il m’a
organisé une interview dans le canard local, qui m’a propulse pendant une
semaine en première page tel la playmate du mois avec pour effet que des gens
viennent m’aborder spontanément dans la rue ou a ma table dans les restos.
Comme quoi, vaut mieux être prince dans un comté que baron dans un empire. Me
voila donc franchement installé parmi les Dunidoniens-qui-comptent-dans-la-vie-d’un-Dunidonien.
De son cote, Lidia
carbure à fond, qui rentre l’autre soir toute guillerette et gesticulante en m’annonçant
comme le numéro gagnant du loto qu’elle avait trouve le thème d’un devoir a
rendre dans le cadre de son doctorat : »je vais contester la théorie
du langage de Wittgenstein !!! » Ben voyons, on se croirait a un
programme culturel sur ARTE. Bref, a part ca, ses deux superviseurs qui
continuaient de la cantonner intentionnellement au rôle discret d’étudiante
anonyme ont été obliges d’avouer a leurs collègues qu’elle avait publie deux
fois, était traduites plusieurs fois aussi parce que je l’avais mentionne
dans l’interview du canard. Et du coup, ca l’a quand même un peu tire de cette
ombre confinée et des aaahhh et des ohhhh et des mais-comment-donc n’ont pas
tardé à jaillir de la bouche d’autres universitaires. Je vous épargne les
autres vexations car autre grande nouvelle, Lidia vient de signer avec Random
house pour son deuxième livre et il devrait donc normalement sortir en Nouvelle
Zélande, en Australie et, croisons les doigts aux Etats-Unis en 2008. Les dernières
négociations sont en cours mais le principe est acquis. Non seulement je serai
maire de Dundae dans deux ans, mais Lidia sera primée dans trois, cochon qui s'en dedit !
La musique (vous
noterez que je suis plus sérieux dans cette chronique que dans mes
precedentes…) avance aussi. Non pas que j’ai réussi a maitriser ce logiciel
extraordinaire qu’est Cubase sx (s’il y en a parmi vous qui l’utilisent, faites-moi
signe !!) mais j’en ai au moins compris les rudiments de base (c’est dire
si j’en maitrise une infime fraction) de sorte que maintenant, j’enregistre
guitare, basse et chant sans trop de problèmes. Mais bon le chant….je fais ca
uniquement le week-end, pendant l’heure et demi de sieste des enfants et en
l’absence de Lidia parce que le déchainement vocal auquel je me livre me met
mal a l’aise, sans parler des voisins qui se poilent derrière la cloture.
Depuis 7 mois que nous sommes la, heureusement mon accent s’est amélioré et mes
textes aussi (je chante en anglais, car comme vous le savez, j’ai comme modeste
ambition de suivre le parcours de U2 en moins ridicule). J’ai enfin pu
enregistrer la guitare, la basse et le chant avec plus ou moins de qualité, et
je vais voir un ami d’un ami très prochainement pour qu’il m’aide à me servir
des synthés et de la batterie. Des que ce sera fait, hop, j’aligne dix chansons
et il ne me reste plus qu’a recruter les (vrais) musiciens, a répéter dans un
studio, enregistrer, graver 300 cd et les envoyer aux patrons de EMI, Virgin,
etc., emballez c’est pesé.
Un grand merci au
passage pour ceux qui ont pense a mon anniversaire (et qui sont ceux qui
forcement le connaissais, c’est du 1er avril au 14 juillet, les
retardataires peuvent donc encore se rattraper), tout est bien arrivé.
A bientôt,
Achille
Apres le Nouvel An...
Noel, puis le Nouvel An, puis le mois de janvier et tout un tas de choses
importantes et fastidieuses, administratives ou médicales à faire, sans parler
des enfants qui sont en vacances et qui ont joyeusement égayé mon quotidien pendant
trois semaines. De quoi faire de moi une puéricultrice patentée. Heureusement,
soleil et chaleur me permettent de mettre en pratique mes dons de King of the
Barbecue où tout ce qui n’est pas carbonisé est mangeable.
Mon anglais labellisé kiwi commence lentement à s’améliorer. Evidemment, je
connais encore quelques hésitations. Tiens l’autre jour, on se promenait avec
les enfants dans la College Street à admirer les jardins en fleurs, ou poussent
les citronniers, les orangers et les gougnafiers, le ciel immense zébré de
rares traines blanches (laissez, je vire poète parfois) et voila qu’on va
croiser un groupe de quatre adultes, dont un chauve. Si si, ça a son
importance. Et comme nous sommes à quelques jours de Noel, que nous sommes en
Nouvelle Zélande et que les gens y sont très majoritairement heureux et polis,
je sens qu’on va y aller de notre Happy Christmas. Les voila à deux mètres de
nous, et je me prépare à leur souhaite un Happy Christmas lorsque le gars d’en
face, le chauve en question me devance d’un Merry Christmas. Et moi, me disant
qu’il faut lui donner la même réplique, je voulais changer illico presto mon
happy christmas en merry christmas, mais la bascule sémantique s’est faite
moins précisément que je ne l’aurai souhaité et je balance un Hairy Christmas,
relativement peu adapté à mon chauve d’interlocuteur…
Il a fallu faire une pause de cinq minutes pour que Lidia reprenne son
souffle.
Bon à part ca, je commence petit a petit à me faire à cet accent. C’est très
progressif dans la mesure où mes contacts avec les autochtones ne sont dus qu’à
l’extrême nécessité de me renseigner sur le prix du pain, le numéro de la rangée
dans laquelle se trouve les couches culottes, le prix d’un amplificateur de
Bass Behringer 30 watts et quelques rapides (et modestes) commentaires sur les
performances du XV de France face aux All Blacks.
Cependant, je sens que ce mois de février devrait apporter son lot de
changements.
L’autre jour, alors que je donnais le bain aux enfants, Lidia arrive et me
signale qu’il y a un tas de bouteilles de bière qui jonchent le trottoir devant
notre humble maison et qu’elle va aller de ce pas parler aux jeunes d’en face
dont on entendait les braillements gutturaux à 50 mètres à la ronde. Faut
savoir qu’ici, il y a très peu de rixes, les jeunes préfèrent investir à fond
dans des pots d’échappements un peu moins petits que la bouche de la grosse
Bertha et qui font trembler les vitrines des honnêtes bourgeois que nous sommes,
et de temps en temps, ils se la jouent 24 heures du Mans dans la rue en
laissant de longues traces de gommes sur la chaussée. Pas bien méchant comparé
à la bande de pauvres jeunes désœuvrés qui démantibulait les panneaux et
cabines téléphoniques, portes d’entrée et boites aux lettres devant chez nous en
France. Voila donc, notre Lidia de choc, fine et frêle silhouette d’1m75 allant
leur demander à ces brutes-là, pourquoi ils choisissent de balancer leur déchets
chez nous plutôt que dans leur poubelle. Je me dis que j’interviendrai au
premier cri tout en séparant Cédric d’Albert après qu’il lui a mis un coup de
brosse à dents dans les fesses et que ça le fait pleurer de rire, alors que Albert
ça le fait pleurer tout court. Et que Sosthène pleure par solidarité. Donc je
poursuis mon travail de mère au foyer lorsque, au bout de trois quart d’heures tout
de même, j’entends Lidia qui rentre d’un pas plus qu’allègre, quasi…aérien…
- Alors ?! T’en as mis du temps ? Ils t’ont prise en otage ?
- Je ne sais pas ce qu’il y a dans cette canette, mais c’est plus fort que je
pensais…
- Dis-moi ! Que s’est-il passé ?
- Aaaahhhh bah je comprends maintenant….c’est du cocaaa…
- ça te gênerais de me dire…
- avec un mélange de whisky…
- mais t’es complètement pompette ????
- et de vodka…pffffffffiiiouuuuuuuu….jeeeuumeeedisaiiiiizaussiiiii….
- Tu ne veux pas que je la finisse…ca serait plus raisonnable ?
En fait, Lidia leur a finement demandé en quoi nous les avions offensés
pour qu’ils comblent notre horizon de leurs déjections et du coup, complètement
surpris et gênés, ils sont allés chercher leurs bières pour les mettre dans
leur poubelle. Puis ils ont discuté le bout de gras et lui ont généreusement
offert une canette de Coca-alcool. Elle m’épate !
Ca y est ! Premiers cours de guitares. David pour le Folk et le
classique + le chant (parce que pour l’instant, mon chant n’est pas vraiment
synchronisé avec mon jeu et mes propres chansons se fondent lamentablement en
une espèce de bouillabaisse verbale qui n’est pas sans évoquer le chanter
vaginal de nos stars pré-pubères et lobotomisées de la star Academy, les kilos
en moins) et Matthew, pour la guitare électrique et les riffs déchirants. Au
programme, prélude de Bach, guitare espagnole, et mon premier morceau qui sera
celui que vous entendrez dans deux ans à la radio (pari tenu, cochon qui s’en
dédit). Comme j’ai peu de temps dans la journée, je bosse plutôt le soir entre
21 heures et 1 heure. Sans parler qu’il faut que je retravaille mes textes, la
plupart étant en français et ceux qui sont écrits en anglais sont bourrés de
fautes. A ça s’ajoute que j’ai enfin un logiciel de création musicale, hyper
complet, c’est simple il fait tout, mais pour savoir comment, il faut avaler
les 879 pages du manuel…Avec des phrases du genre ”pour enregistrer en morceau
en MIDI, ouvrez un conteneur, vérifier les niveaux du VU-mètre, assignez le VST
au port IN de votre carte son ASIO, bypassez le monitoring direct et
sélectionnez la durée de l’événement en fonction de la densité de bifidus actif
dans votre glotmuch biconcave”, c’est pas gagné. Me voilà donc à la tête de mon
premier home studio mais je sens qu’avant de goûter au plaisir de la création,
il me faudra d’abord comprendre l’outil. Heureusement que la technique, ça me
connaît.
A part ça, on passe beaucoup de temps dehors, faut dire qu’il fait entre 20
et 25 degrés en ce moment, avec une petite bise histoire de ne pas brûler. Dès
que le soleil se montre, on joue haro sur la crème solaire vu qu’ici, nous ne
sommes pas loin du trou dans l’ozone et que le mélanome apparaît beaucoup plus
vite que le bronzage ! Alors nous emmenons les enfants dans un de ces
parcs avec des tas de jeux, où les familles peuvent venir faire griller leurs
viandes…sur les barbecues construits sur place et il n’est pas rare de croiser
des ados en costume de bain, serviette autour du corps, rentrant de la piscine,
croire que nous sommes à 30 mètres de la plage. Et là, sous les palmiers, au
son des criquets qui se frottent l’abdomen tel Yehudi Menuhin son violon, on
laisse les enfants s’amuser avec les différentes attractions.
Lidia de son côté, fait face courageusement aux mesquineries de ses
superviseurs en se donnant à fond dans son travail, ses devoirs, essais et
critiques de livres à rendre. Elle a encore 9 mois difficiles, puis c’est
l’autoroute après, il n’y aura plus que le livre, qui est sa thèse de doctorat,
à rédiger.
Et comme il est dit que je terminerai cette chronique par des offres
promotionnelles absolument étourdissantes, je vous recommande à nouveau le site
de cette excellente amie, Linda, www.lindaboie.com
qui organise des diners aussi surprenants que délicieux !
A bientôt,
Achille
Premier Noel a Dundae !
C’est Noel
!!!!
Non pas encore.
Et pour ne rien vous cacher, vu qu’ici il commence a faire de plus en plus
chaud, il nous est difficile d’entrer mentalement dans cette période la, le Père
Noël ici doit sans doute arriver en jet ski tire par des otaries. Néanmoins,
nous essayons de recréer, bons chretiens que nous tachons d’être, de recréer
cette ambiance bien connu des foyers européens en général et des Galeries
Lafayette en particulier. Alors évidemment, on ne part de rien et parfois on a
des surprises. L’autre, jour j’entre dans le salon et tombe en arrêt devant une
sorte de fourchette géante, verte et velue, dont les dents, nombreuses auraient
été tordues dans tous les sens :
- Kesskessekessa ?
- Mais voyons Achille, c’est un sapin de Noël !
Il n’y en a pas de vrai, alors j’ai acheté celui-là, en polypropethylene indexé
a quintuple nervure.
- Oui…oui...oui.
- Tu vois, il suffit de tordre les branches à
l’horizontale en remontant le long du tronc et ça donne un sapin a la fin.
- Ah. C’est très…euh…dizaïgne.
- Et toi qu’as-tu trouvé ?
- Moi, j’ai enfin trouve une superbe crèche
en porcelaine a un prix défiant toute concurrence. Ecoute, je n’y croyais
tellement pas que je l’ai achetée sur le champ. Regarde.
Et la, devant les
regards ébahis de Lidia, de Cédric, Albert et Sosthène, j’ouvre un carton sur
lequel est écrit en gros Made in China et j’en sors une crèche :
- Oooooooohhhh, dit Cédric
- Aaaaaaahhh, dit Albert
- Pililiddilillil, dit Sosthène qu’on
comprend quand même
- Ouiouioui, dit Lidia, t’es sur que c’est
de la porcelaine, on dirait du sucre solidifié… ?
- Mééééé non, t’y connais rien, c’est écrit
dessous
- En chinois,
- En dessous et en chinois, ca veut dire
porcelaine.
- Papa, papa, pourquoi il a les yeux comme
ca le chevalier ?
- D’abord ce n’est pas un chevalier, c’est
un roi mage
- C’est quoi un roi mage ?
- C’est vrai qu’il a les yeux bridés…Peut-être
s’appelle-t-il Mao ?
- Très drôle
- C’est quoi un roi mage ? et pourquoi
la dame la, elle a la tête toute jaune ?
- La dame la, tu vois c’est la Vierge Marie
- Peut-etre s’appelle-t-elle Suzi Wan ?
- Pffffff…Bon, on va mettre la crèche la,
sur le secrétaire..
- C’est quoi un roi mage ?
- Ou ca la crèche ?
- Laaa !
- Aah, tu parles de la pagode ?!!!
- Lidia, quand t’auras fini de te bidonner…
- Papa, c’est quoi un roi
maaaaaaage !!!!
- Et Papa, pourquoi y a qu’un âne ?
- T’inquiètes je sens que ton va faire le deuxième…
Tout ca dans une
ambiance de franche camaraderie, vous vous en doutez bien. Notez que nous avons
eu d’autres surprises. D’abord je suis parti en repérage d’églises, mais ici,
en terre anglo-saxonne, t’as autant de fast-food que de chapelles (dix contre
un que les mauvais esprits parmi vous en tireront un parallèle). Alors tout
d’abord, parce qu’elle se trouvait juste a coté, nous avons été a Saint Albans,
église dans le plus pur style néo-moche avec parpaings et poutres métalliques.
Accueil très sympa, limite stand de bienvenue a la kermesse du Molay-Littry
(Canton de Trévières, Calvados). On entre dans une sorte de très grande salle
sous un toit en pente et nous faisons face a un podium de 5m de large et 15 de
long a l’extrémité gauche duquel (reprenez votre souffle), se trouve tout
naturellement… un batteur, un guitariste, une bassiste, un gugus aux claviers.
Je me tourne vers Lidia : Si ca se trouve, c’est vraiment la kermesse du
Molay-Littry ? A peine assis, il y a une gente dame qui s’empare du micro
façon Janis Joplin a Woodstock, et te me survolte l’assemblée a grand coups de c’mon guys, let’s praise the Lord !
Et que ca frappe dans les mains, dandine du postérieur, s’agite des épaules,
braille au plafond des chansonnettes d’un sirupeux que je m’étonne que la Star
Ac’ n’ait pas déjà plagie la totalité du répertoire. Lidia et moi, avec nos
sourires mi-coinces, mi-consternes avions la tête de l’incroyable Hulk au
moment ou le grand Schtroumpf lui prête son préservatif pour le dépanner . Mais
alors Cédric, lui qu’en rate pas une lorsqu’il s’agit d’être impertinent
semblait atterré, le petit Lord Fauntleroy assistant au tournage de Bacchanales chez la mere Tatzi …La messe, en quelque sorte, bien rythmée par
un batteur qui se donnait à fond, à été une succession de chansons, avec une
petite pause pour l’eucharistie (faut que le groupe se rafraichisse aussi) et
puis, cerise sur le gâteau, le gars en jean et chemise de bucheron qui remplit
les fonctions de pasteur, annonce qu’il va y avoir trois témoignages de
personnes qui veulent remercier Dieu et dire pourquoi…..AAaaaaaaahhhh grand
moment pour qui adore les séances d’auto-flagellation ou d’exhibition prosélytique,
on se croyait en concile chez les Khmers rouges avec au milieu, un ancien prof
s’accusant de tous les maux et annonçant humblement qu’il avait enfin reconnu
en Pol Pot un grand bienfaiteur et justicier. Et la, trois personnes se succèdent
a vous arracher des larmes, ouaaaahhh un grand show émouvant et totalement
kitsch. Bon, heureusement, les protestants (presbytériens ?
Baptistes ? Anabaptistes ? Je ne sais plus…) savent terminer en
beauté avec roulement du batteur fou, solo déchainé du guitariste, le pianiste
s’écroule sur son clavier et la bassiste se coince le pouce entre le mi et le
la, et toute cette joyeuse cacophonie accouche d’une aimable collation gratis pro Deo ou le café est presque
buvable.
On s’est juré de
trouver plus à notre goût. Et heureusement, il y a Saint Patrick. Imaginez une
sorte de cathédrale toute blanche, voire crème, toute pointue de l’unique
clocher, en fait une très grosse église appelée cathédrale. On est chez nous m’écriai-je.
Et effectivement, c’etait bien. Moins fun, m’enfin on est pas la pour faire le fête,
sans blague. Vraiment bien. Si. Sauf peut-etre…Non…non.
Bon d’accord.
Alors voilà, au moment de communier, on se met en file indienne, j’ai Cédric
devant moi, je suis abîmé dans mes pensées pieuses (mais si, que
croyez-vous !) et là tout d’un coup, je me rends compte que le prêtre
donne aussi du vin de messe, ce qui ne se fait plus en France (mais en
Allemagne je crois encore), et chacun des communiants vient boire au calice.
‘Acrébonsangdbonsoirdnomdlà !! me dis-je in petto car (je suis aussi latiniste a mes heures). A ce
moment-là, toutes mes pieuses pensées s’envolent et ne demeure plus qu’une
seule crainte : Y en a pas un qui a de l’herpès j’espère ? Et vous me
croirez si vous le voulez (ma p’tite dame), mais à partir de ce moment là ma
seule prière a été : Mon Dieu, faites que je n’attrape pas d’herpès !
Et paf, miracle, pas d’herpes ! Et dire qu’il y a encore des
mecreants ! Tsssss…
A la prochaine,
Achille
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