lundi 28 novembre 2011

Les courses au supermarche


253 dollars !!!! Putain mais je rêve !! Diantre de diantre de sacré nom d’une pipe de bordel de merde !!! Mais qu’est-ce que j’ai dans le caddie les enfants ? Du caviar ? Du turbot ? Du caviar ET du turbot ? Un sandwich au filet de Saint Pierre ? Des conserves de chez Fauchon ? Le spécial discount de chez Hédiard ? Aaaaahh Je rêve !!! Mais comment font-ils les gens pour survivre, hein ? Nourrir leurs enfants, mmmh ? Quand je pense que je fais mes courses dans le supermarché le moins cher du pays et que j’arrive a exploser le budget ? Bon sang mais y aurait une crise dans la récession que ça ne m’étonnerait pas. Le pompon, c’est de faire les courses avec les enfants :

- (Cédric) Ouaaah Papaaaa !!! Je peux avoir les céréales au chocolat ?
- (moi) Non, ce n’est pas bon pour la santé, il y a plein de colorant dedans !
- (Cédric) Papa, Papaaaa !!!
- (moi) Quoi encore ?
- (Cédric) C’est un super pistolet à eau et il ne coute que 5 dollars !!!
- (moi) T’en as déjà un et en plus c’est pas sur la liste que Maman m’a donnée
- (Cédric) Il nous faut du chocolat !
- (moi) Il y en a déjà à la maison…
- (Cédric) Mais c’est pour faire du gâteau au chocolat !
- (moi) A parce que tu n’aimes pas le gâteau au chocolat maintenant ?
- (Cédric) Si mais…
- (moi) Très bien, affaire réglée. Allez, voyons voir, des oranges…
- (Cédric) C’est toujours la même chose ! Mes copains ils ont le droit a un tas de choses et nous on a toujours la même chose !
- (moi) D’abord la plupart de gens d’ici sont gros, voire énormes, ensuite ils mangent n’importe quoi ce qui fait qu’ils sont encore plus gros, gras, adipeux et laids et toi, tu ne voudrais pas être comme eux dis-moi ?
- (Cédric) C’est quoi « dipeux »
- (moi) C’est comme Shrek mais trois fois plus gros avec un nombril dans lequel tu peux cacher deux Big Macs. Voilà. Et est-ce qu’ils ont des gâteaux comme ceux que je vous fais ?
- (Cédric) ben non…
- (moi) Et de la mayonnaise maison ? Et de la crème chantilly à la française (je rajoute a la française pour titiller la fibre nationale, mais en dehors de ça, c’est de la chantilly tout a fait normale), et du hachis Parmentier a la normande (même stratagème que pour la chantilly), et des bolognaises a la parisienne, hein ? y z’ont tout ça tes copains ?
- (Cédric, l’air renfrogné mais obligé de condescendre)…non…
- (moi) Bon alors ! Va me chercher du chou-fleur, je vais vous faire un délicieux potage a la Saint François (on était à trois jours du 7 novembre, un coup de pot ! Ouais bon, le 7 c’est Saint Florent, mais on va pas chipoter pour si peu).
- (Albert, Sosthène en chœur) c’est quoi un potage a la Saint François ?
- (moi, avec un air inspiré et gourmand)…mmmmhh..c’est du chou-fleur avec de la crème avec de la noix de muscade et…
- (Albert, Sosthène et Cédric) j’peux avoir des nouilles plutôt ?

Vu que mes trois mousquetaires passent leur temps a se chamailler, j’ai reparti les rôles très précisément : Cédric pousse le caddie, Sosthène est assis dedans, son rôle est de disposer les articles de façon intelligente (genre « tetris » pour de vrai, tu vois mon grand ?) et Albert prends les articles que je lui désigne. Ça permet d’éviter les « c’est moi qui l’ai vu en premier » et les «c’est à moi que Papa a dit de prendre les nouilles » et autres bousculades et jurons.  Mais bon, ça ne marche pas tout le temps, parfois ça se termine en :

- (Albert en pleurs) : Cédric m’a poussé le caddie dans les jambes
- (Cédric véhément) : c’est la faute de Sosthène parce qu’il me bloque la vue !!!
- (Sosthène indigné et au bord des larmes) : Naaaaan c’est pas vrai, c’est Cédric qui essaie de me faire tomber en poussant vite !!

Bref, à chaque fois que je fais les courses, c’est le même cinéma ! T’essaie d’être inventif, tu vois, genre repas équilibré, des vedjetaibeulles, de la viande, des féculents (chez les Grecs !) des fruits et tous les toutim, tu te fous en 12 pour essayer de leur apprendre à s’épanouir dans le credo des nutritionnistes et non seulement c’est pas facile mais en plus tu rames contre le courant !! Et en plus, ça te coute les yeux de la tête !! Bon sang, mais comment y font les autres ?? Enfin bon, on finit tout de même par arriver à la caisse et là c’est le seul moment où tous les trois bossent de concert à disposer tous les articles sur le tapis. On termine par un jeu pendant que la caissière remplit son office, qui consiste à deviner la somme totale :

- (Cédric) : mmmh…130 dollars (alors là tu rêves fiston)
- (Albert) je dis 164 dollars (pas mal Bébert)
- (Sosthène)…euuuuh…2 !
- (moi) 200 dollars ?
- Mais nooooon ! 2 dollars !!! (bon ben toi t’es déjà éliminé !)

Finalement, on s’extraie du supermarché avec leur caddie géant (deux fois la taille d’un de chez Carrefour) et on transborde le contenu dans le coffre. J’ai ma mine renfrogné du cadre moyen de la classe moyenne qui vient de voir ses maigres éconocroques péniblement mises de côté pour un resto avec sa belle finir dans du produit vaisselle, 12 rouleaux de PQ et une douzaine de blancs de poulet à prix réduit. Je monte dans la voiture en maudissant Lehman Brothers, le FMI et le PSG, met le contact et c’est là que Cédric assène le coup de grâce :

- Papa, papa !! Le voyant est rouge, il faut mettre de l’essence !!

A la prochaine,
Achille

mardi 8 novembre 2011

Le vengeur de Trafalgar


L’autre jour, j’ai annoncé avec grande joie l’arrivée (pour la deuxième fois en 5 ans, c’est dire si on est populaires) d’un mien cousin, marin de la marine française s’il vous plait-je-ne-vous-dis-que-ca pour le week-end.

-          (Cédric) Oaaaah !!!! Il commande un bateau oncle Aldo ?
-          (Albert) Il est grand le bateau de l’oncle Aldo ?
-          (Sosthène) Ou va-t-il garer son bateau, il n’y a pas beaucoup d’eau dans le jardin (c’était exagéré, il avait plu toute la semaine)
-          (Albert) il a quel rank oncle Aldo ?
-          (Cédric) Il a tué des anglais ?
-          (Sosthène) Est-ce qu’il a des gros canons son bateau ? Je suis sûr qu’il va tuer tous les anglais (on était en pleine coupe du monde de rugby, les antagonismes séculaires rejaillissaient avec une vigueur renouvelée que j’essayais d’étouffer, sauf en ce qui concerne ces salauds de rosbifs)
-          (Cédric) il a une épée ?
-          (Albert) il attaque la Nouvelle-Zélande ?

Bref, l’annonce avait fait son petit bonhomme d’effet et le samedi matin, nos trois mousquetaires n’étaient pas à trainasser au lit tant ils avaient de voir la tête qu’avait le fier descendant de Duguay-Trouin et Tabarly confondus. Rapidement conscient du prestige de sa position, le cousin Aldo en rajoutait une couche et on virait très largement a la vengeance de Trafalgar.
Apres le petit-déjeuner, Lydia a emmené tout son petit monde au skating vu qu’il faisait un temps pourri et nous nous sommes retrouves à chausser des patins à roulettes ce qui ne m’était pas arrivé depuis 60 ans (au moins). Et dans ma mémoire, je me pensais encore agile et rapide. En réalité, j’avais l’impression d’être en train de porter une casserole d’eau bouillante debout dans un hamac. Aldo que le roulis de la mer du Nord habitue au tangage le plus vigoureux a fait montre d’une aisance tout à fait exemplaire que les trois mousquetaires n’ont pas hésité à mettre sur le compte des nombreuses qualités que tout vrai français (dont je ne suis pas manifestement) possède. Nous avons eu droit à une resucée de patriotisme aigu pendant le déjeuner et l’après-midi. Heureusement, le soir les enfants dorment et Aldo et moi en avons profité pour aller voir le match de rugby à la bibliothèque municipale ou il était diffusé sur grand écran.
Je ne sais pas trop pour vous mais moi je suis un fan de rugby extrêmement modéré. J’ai longtemps cru que la différence de points obtenus (2 ou 3) lorsqu’on shoote le ballon entre les deux poteaux était fonction du cote a partir duquel on shootait. Par exemple, si tu shootes a partir de la gauche du terrain avec le pied gauche, c’est plus dur mais t’as droit à 3 points si tu le marques. Alors que pas du tout. Mais je ne me souviens plus de la vrai règle. Bref, on s’en fout. On a regardé France-Pays de Galles et heureusement que je nous étions entre gens civilisés et courtois parce qu’on a-gagné-alors-que-c’est-les-gallois-qui-aurait-du-gagner et qu’au bureau, le surlendemain, j’en ai vu des gallois qui me regardais d’un drole d’air. Enfin tout ça pour vous dire qu’on a passé une excellente soirée a fêter les bleus et que de raconter leur victoire eux enfants au petit déjeuner le lendemain a encore accru le prestige de leur oncle. Qui du coup s’est fendu d’une virée sur son blog histoire d’ajouter quelques images bien guerrières au récit qu’il leur avait fourni au début de son séjour chez nous.

-          (Aldo) alors là c’est moi en grand uniforme avec le sabre
-          (les pieds nickelés) Oooooooohhh !
-          (Aldo) et là j’accueille le ministre
-          (les pieds nickelés) Aaaaaaahhh ! C’est quoi un ministre ?
-          (Aldo) c’est comme un président de la République mais c’est moins important (mais c’est aussi plus grand)
-          (les pieds nickelés) Eeeeeeehhh !!
-          (Aldo) et là c’est mon bateau qui se pose sur la plage
-          (les pieds nickelés) Fouuuuuuh !
-          (Aldo) et là je recois un collier de fleurs et on me montre des cochons pour le déjeuner
-          (les pieds nickelés) …oui mais…
-          (Aldo) et là je déjeune avec des tas de gens importants…
-          (les pieds nickelés) …oui mais oncle Aldo…
-          (Aldo) …et là je discute avec des tas de gens importants…
-          (les pieds nickelés) …oui mais…oncle Aldo…
-          (Aldo)… et là je bois un verre avec les chefs du village…
-          (les pieds nickelés) …oui mais oncle Aldo, les Anglais…
-          (Aldo) quoi les Anglais ?
-          (les pieds nickelés) vous les tuez quand ?

A la prochaine !
Achille