C’est pas qu’on était
la a ne rien faire, peinards, poils dans la main, au bord de la piscine pendant
que Firmin servait une orangeade à nos chérubins, non, on ne peut pas dire que
notre rythme de vie ressemblait ne serait que vaguement à celui-là. Mais l’arrivée
de ma belle-mère nous a donné, a tous d’ailleurs, le sentiment que nous étions
un peu comme l’armée d’Italie avant l’arrivée de Bonaparte. Lydia, à qui je recommandais
de maintenir éveillée sa mère le plus longtemps possible après sa descente de
l’avion pour lui permettre de se remettre rapidement du décalage horaire
m’avait même sévèrement rabroué : « comment ? Mais t’es
fou ? La pauvre a 75 ans se faire 20 000km d’avion, tu penses bien que je
vais lui proposer un bain puis une sieste, tu vas nous la tuer ! ».
Bon ben pour ce que j’en dis, c’est ta mère après tout. Bref, lorsque
finalement débarqué La Mamma de l’avion après 4 aéroports, je ne sais combien
d’heures d’attente, c’est une Mamma toute hilare et heureuse qui pete de sante
qui nous étreint. Lydia, très aux petits soins pour la Mamma qu’elle n’avait
pas vue depuis 6 ans lui dévoile le programme de la journée :
- Je t’ai préparé
ta chambre, un bon bain et ensuite tu vas pouvoir faire une bonne sieste.
Evidemment, si tu as faim, j’ai aussi quelques choses que j’ai mis de cote pour
toi.
- (La Mamma) : Mais ça va pas
non ? Parce que tu crois que j’ai fait tout ce voyage pour atterrir dans
un lit ?? Non, non, non et non, tu vas me montrer la maison, les environs,
la ville puis nous allons faire les courses, j’ai besoin de quelques produits diététiques
(j’ai la liste avec moi) et puis ensuite je veux profiter de vous tous et puis
il faudra faire la cuisine et aussi….
Bref, le soir même,
lorsque tout le monde, finalement, a été couché, la Mamma compris, Lydia arrive
dans ma chambre, me regarde d’un air hébété et me dis ”elle m’a tué” ! Ce
n’était rien à côté des jours qui allait suivre, d’autant qu’étant une grande
fanatique des comparaisons, la Mamma ne recule pas devant la perspective de se
faire trois grandes surfaces histoires de sonder les meilleurs prix pour le
paquet de riz. Si en vous ajouter la présence de Cédric, d’Albert et de Sosthène,
que ce genre de promenade ennuie au possible et que vous étendez l’expérience
sur trois heures, vous avez une petite idée de la forme dans laquelle Lydia
termine sa journée. Heureusement, c’est aussi la semaine de Noel, ce qui
explique le nombre de courses.
Très vite, la
Mamma a su trouver ses marques et nous nous en sommes très bien accommodés.
Surtout moi car comme elle plutôt du genre sergent-instructeur, je n’avais plus
beaucoup d’occasions à reprendre les enfants, vu qu’elle le fait très bien.
L’autre jour, on finissait de ranger la table du petit déjeuner lorsque la
Mamma apostrophe nos trois mousquetaires qui étaient sur le point de se faire
la malle (déjà qu’ils n’avaient rien foutu pour aider dans la cuisine, j’te
jure !).
-(La
Mamma) : Albert !!! (Elle parle fort, un peu comme les sourds, ce qu’elle
n’est pas), ton lit n’est pas fait, va dans ta chambre et fais ton lit.
Cédric !!! Il parait que tu ne lis pas assez, monte dans ta chambre et
fini le livre qu’on est allé te chercher à la bibliothèque municipale.
Sosthène !!! Ta chambre est une porcherie, va ranger ta chambre.
Et hop, nos trois
fiers-à-bras repartent penauds vers leur destination muni d’instructions qui
n’ont rien à voir avec des vacances de Noel. Puis, la Mamma repart dans la
cuisine préparer le déjeuner, le diner, les autres déjeuners, les autres diners
et réorganiser la cuisine de telle sorte qu’elle s’y retrouve au risque de nous
y perdre. Tout d’un coup, Sosthène glisse une timide frimousse dans le bureau
de Lydia et, prenant son air misérable de la grande scène de l’acte III, dis à
sa mère :
-(Sosthène) :
Mamaaan…c’est trop dur…je n’arrive pas à ranger la chambre…
-(Lydia) :
Pauvre chéri, comme je te comprends. Il n’y a pas de problème voyons. Il te
suffit juste de le dire à la Mamma.
La, à ce moment-là,
il y a eu comme 10 secondes de flottement ou tu pouvais sentir le combat
tellurique de deux forces s’opposant violemment (Dionysos défendant son cellier
et Chronos dévorant ses enfants parce qu’ils ne voulaient pas ranger leur
chambre).
-(Sosthène) :
Bon ben, je vais aller ranger ma chambre…
Et hop, emballez
c’est pesé !
Même chose à
table, t’as pas intérêt à éviter la salade, surtout celle faite par la Mamma.
Cédric qui se la joue de plus en plus ado cool (a 10 ans, ça laisse augurer
d’une sacré puberté) toujours à discutailler, à contredire, à te sortir des oui
mais que tu les convertirais en énergie ça te propulserai l’obélisque de la
Concorde sur la lune, s’est faire reprendre deux fois par la Mamma (volume 10 +
la tirade du nez appliquée a la salade et la santé) que crois-moi, il les avale
maintenant ses feuilles vertes.
L’autre jour, la
Mamma s’était crue perdue dans le supermarché. En fait, elle n’avait pas prêté
attention à l’heure de rendez-vous avec Lydia et se croyait en retard alors
qu’elle était en avance. Bref, elle demande au manager d’appeler Lydia au
micro.
-(manager) :
Lydia ? On demande Lydia à l’accueil ! Lydia, votre maman vous attend
à l’accueil.
Lydia qui
entretemps était arrivée a l’autre bout du supermarché, soudainement
entend :
-(La
Mamma) :LYDIAAAAA !!!! OU ES-TU, LYDIAAAAAA ???? C’EST TA
MAMAN !!!!!
La Mamma, sans
doute peu impressionnée par le zèle du manager s’était empare de son micro et
inondait de son timbre strident tout le supermarché de ses appels. Inutile de
vous livrer un décompte des sourires amusés des clients lorsque Lydia a récupéré
la Mamma. Des sourires qui l’ont accompagnée jusqu’à la voiture sur le parking.
Il y a maintenant
trois catégories de personnes à Dundae :
1) Celles qui ne
connaissent pas Lydia
2) Celles qui
connaissent Lydia par son métier d’écrivain
3) Celles qui
connaissent Lydia pour avoir été dans a un moment ou un autre dans un magasin
ou se trouvait Lydia et la Mamma.
Bon Noel et à bientôt
pour de nouvelles aventures !
Achille
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