mardi 6 septembre 2011

Les Ladigue a Dundae - Premiers pas


Et voila notre troisieme semaine qui commence demain, avec une tres, mais alors une vraiment tres bonne nouvelle : nous mettons Cedric a l'ecole. Et hop ! Un de moins. Ca faisait deja plus de trois mois que le gentil petit cherubin qui n'en rate pas une goutait aux vacances avec cet air blase qui fait de la moindre petite tete blonde un desoeuvre en puissance : "amusez-moi" pouvait on lire dans ses yeux. Bref, number one en classe des lundi. C'est pas l'ecole en uniforme, mais c'est, d'apres les renseignements toujours tres fouilles de Lidia, la meilleure. Albert lui, c'est mardi qu'il integre le Learning Center, une sorte de maternelle ou il apprend a lire, a compter, bref, tout un tas de choses qui lui permettront d'integrer l'ecole dans de bonnes conditions et surtout, de developper des reflexes linguistiques en anglais pas evidents pour l'instant. Ca ne peut pas etre pire que Cedric dont la plupart des phrases sont du genre "Yes, mais...", "Papa, Albert il a pas flush the toilet...". Et comme il a tendance a imiter tres serieusement son grand frere; c'est d'ailleurs pour cela que Lidia les appelle "les Dupont". Il suffit que Cedric veuille quelque chose, pour qu’Albert emette la meme demande dans la seconde. Et comme Cedric fait assez souvent la meme chose on les a baptises, Cedric = Me too et Albert = Dupont.

Des mardi, j'avais envoye plusieurs cv histoire de tater le terrain cote enseignement du francais ou de l'allemand, ou des deux dans les ecoles, puisqu'une nouvelle loi oblige les ecoles du primaire et du secondaire a proposer une seconde langue des 2008. Me voila donc a temoigner de mon attention pour les ecoliers, mon plus profond desir d'enseigner les langues et la culture qui va avec, et ma capacite a offrir un type d'enseignement a peu pres aussi original qu'il sera imagine sur le vif. Deja deux entretiens mardi et mercredi, a mon avis peu de perspective parce que pas vraiment d'experience dans le domaine de l'enseignement et pas de diplomes correspondant. Mais sait-on jamais... Toujours est-il, qu'en retournant d'une de ses ecoles nichees sur les hauteurs de Dundae avec une vue sur une vallee absolument magnifique qui m'a fait violemment songe aux splendeurs du Breisgau pres de Schpunzdorff, j'ai pris un taxi et me suis retrouve a faire la conversation avec un authentique kiwi de chez kiwi. Arme de ma formidable connaissance de l'anglais, j'ai immediatement entame la conversation (ne serait-ce que pour me faire pardonne de n'avoir rien compris du point de rendez-vous qu'on s'etait fixe au telephone) :

- le taxi driver : So, U're hear tweO faind a djObb i'NZed ? a'en't U ?
- moi : (kessidi ?) : Well, I'm here because I want to find a job in New Zealand
- taxi driver : Ye, dats Oatta sed. HavUa gottan' interview djuss now ?
- moi : (meeeerde, j'pige rien a son accent) Yes, the view is really nice out there and the nature's just so gorgeous
taxi driver : Ye A know. Butt' awOs sayin' U djuss had an interview, don't Ua ?
- moi : (ca y est, pige !) Yes. I hope it went well. Wait and see as the Brits say !
taxi driver : U bet I'll cross the fingers 4 U
- moi : (ah bon, ils disent ca aussi ?) euhh...Yes...sans doute
taxi driver : U're obviewsly from abrOd, arnt' U ? WerUfrom ?
- moi : (ca ne s'arrange pas). euuuuh...no ?
taxi driver : Oh, U're not ??
- moi : (ca devait pas etre la bonne reponse) Si si...yes yes I am. But could you please repeat the question a little bit slower ? I am not so familiar with english...
taxi driver : Oi-Oskd-U-if-U're-frOm-abrOd ?
- moi : (aahh ouais...c'est nettement mieux...) You see, I am french and I hardly speak a word of english so, I'd appreciate if you keep speaking slowly
taxi driver : Of Cowse ! U knOw t'is so fonny, lOst week A Mate O' mine had a Loady an' guessed'if she 'os fwom GOmany but she wos from FwAnce..
- moi : No, no, I'm not from Germany, I'm from France
taxi driver : Ye, dats wOtta sed !
- moi : (pffffff..........j'fatigue la)

Bref, vous l'aurez compris, il faut se faire a l'accent kiwi et encore, avec ce foutu clavier anglais, je ne peux pas vous mettre les accents et tutti quanti pour vous faire sentir les nuances. Globalement, on peut dire que l'anglais c'est une langue a base d'accents circonflexes. Bon, il faut que je me trouve rapidement un friend local avec qui j'irai boire une Stella Artois (si si je vous jure, ah ils sont forts ces Belges) et qui m'initiera aux subtilites de l'accent national.

Ou en etais-je ? Les enfants ! Cedric c'est case, Albert aussi, reste Sosthene...On avait envisage dans un premier temps de recruter une nounou a mi-temps, c'etait avant de mettre Albert au Learning Center et elle aurait eu a s'occuper de Albert et Sosthene. Lidia passe une serie de coups de fils et nous voila avec une nounou "triee sur le volet", chaudement recommandee par le child care local. Ce qui va suivre, est dans la droite ligne de ces situations epouvantablement tristes mais qui declenchent le rire, un peu comme a un enterrement. Au telephone, Lidia la trouve deja hyper sympa. Joanne, qu'elle s'appelle. Voila donc Joanne qui vient faire une petite visite de presentation vers 16h30 (je sais l'heure on s'en fout, met c'est pour l'authenticite de la narration). Lidia et Joanne discutent, et puis vient le moment ou la conversation devient un peu plus personnelle et ca donne ca (traduit en francais, NDLR) :

Acte I Scene 1
- Lidia : et alors, vous travailliez ou avant ?
- Joanne: Avant j'etais chez des voisins, une famille tres gentille chez qui je travaillais deja depuis un an et demi...
- Lidia : et vous n'y travaillez plus ?
- Joanne: Ben non, la dame a perdu son emploi et du coup elle a du me licencier
- Lidia : Ah zut alors, c'est pas de pot ! Donc la vous pourriez travailler a plein temps ?
- Joanne : Pas tout a fait, parce que je dois m'occuper de mes enfants. Voyez-vous, mon mari m'a plaquee il y a un an, comme ca, un jour il est parti.
- Lidia : Mince alors ! C'est vraiment terrible ca, et il vous a laissee toute seule avec trois enfants ?! C'est ignoble !
- Joanne : Non, deux enfants, l'aine est mort d'un cancer tres tot...
- Lidia : Aaa...
- Joanne : ...mais il faut que je m'occupe du deuxieme qui est mentalement en retard....
- Lidia : ...Ooo...
- Joanne: ....et ca s'arrange pas car on vient de decouvrir un probleme cardiaque chez la troisieme..
- Lidia : mais-c'est-terrible-ce-que-vous-me-racontez-la ! Euuuhhh.....puis-je vous proposer une tasse de the ?

Acte I Scene 2
Lidia me presente Joanne apres avoir longuement discute avec elle. Je pensais que l'affaire etait conclue et commence a entrer dans le vif du sujet, le dejeuner.
- moi : Bien ! Vous savez, nous on est plutot vieille education, donc les enfants dejeunent a la cuisine, il ne faut pas les mettre a cote parce que sinon Cedric et Albert vont se disputer le contenu de leur assiette des le debut. Ensuite, veillez a ce qu'ils ne mettent pas les coudes sur les tables mais bien les deux mains. Ils doivent macher la bouche fermee, ce ne sont pas des ruminants. Ils vous disent "s'il vous plait" et "merci" a chaque demande et ils ne parlent pas la bouche pleine. Des questions ?
- Joanne: ......ah bon ?...ils prennent les repas assis a une table ??

(non, non, pas du tout, la mangeoire est dans l'arriere-cour, il faut renouveler le foin deux fois par jours ainsi que l'eau dans l'auge)

Acte I Scene 3
Lidia et moi au diner.
- Lidia : Que penses-tu de Joanne...?
- moi : Tres sympa...en tous cas...
- Lidia : ...oui. Vraiment tres sympa.
- moi : Pas de pot, tout ce qui lui arrive...
- Lidia : vraiment la poisse...Tiens, elle m'a raconte qu'il y a trois mois, le village d’a cote etait completement inonde et...
- moi : laisse-moi deviner; c'est la qu'elle habite !
- Lidia : ....vraiment pas de pot, hein ?
- moi : mmmm...je me demande si on a vraiment besoin d’une nounou...



Pour terminer je reviendrai sur un episode quasi fantasmagorique tant il est inimaginable en France. J'en suis reste comme deux ronds de flan. C'etait un jour ou je devais faire des courses...c'est-a-dire pas un dimanche. Muni d'une liste longue comme une rangee de medailles sur une poitrine de general sovietique, je suis au supermarche, K-Mart, et m'adresse a l'accueil ou officie une jeune preposee, du genre ado-blondinette-queue-de-cheval-en-train-de-compter-les-pieces-de-monnaies a l'air plutot aimable (air assez rare chez les ados). Je lui demande si par hasard elle pouvait m'indiquer un cordonnier. Et c'est la que je penetre emerveille dans une sorte de quatrieme dimension que je n'aurai imaginee dans mes reves les plus fous : comme elle n'en connait pas, elle va chercher les pages jaunes de son annuaire, trouve une adresse, charge une autre ado d'aller reperer les lieux, qui revient quelques minutes plus tard confirmer l'exactitude des informations. Tout ca avec le sourire et une gentillesse a faire reprendre confiance dans le genre humain. Alors qu'en France, le nombre de fois ou j'ai demande un renseignement :
1) chais po...
2) faut demander ailleurs...
3) aaahh si je savais...
4) mais enfin, vous me prenez pour une borne d'infos (baaah, y a ecrit "accueil" au-dessus de votre tete...?
5) avec un grand sourire malheureusement nous ne faisons pas ce genre d'articles.

Si c'est pas emouvant, s'pas ?

Promis, la prochaine fois, je ferai moins de dialogues et puis plus court !!

Tchao,
Achille

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