lundi 19 septembre 2011

Lidia s'installe a la fac


Nombreux sont ceux parmi vous (au moins deux) qui me demandent de raconter un peu comment ça se passe pour Lidia. Pour vous planter un peu le décor, il faut vous dire que Lidia est la première étudiante de ce tout nouveau programme de la faculté des lettres. Comme elle a déjà publié et qu’elle a un cv long comme une oraison de Bossuet, elle a un peu été traitée comme une bête curieuse au tout début, ses supervisors ne sachant ce qu’un étudiant-écrivain comme elle venait faire ici, a Dundae Nouvelle-Zélande, dernier arrêt avant la banquise alors qu’on lui proposait mieux à Cambridge, MA. Mmmmhh ? C’est vrai ca ? Qu’est-on venu faire dans ce foutu patelin coince entre les Walibi et les pingouins ?? Mais ca c’est une autre histoire.

Donc, une première quinzaine d’observation, on se flaire, se jauge, s’explique et puis….s’estime. Et là voila donc, vaillante petite maman debout dès potron-minet (aaaahhhh comme j’aime), ce qui tient du miracle croyez-moi, pour aller prendre le bus qui mène à l’université, en dehors de la ville, un peu sur les hauteurs, à gauche derrière le kiosque à journaux (pour les ceusses que ca intéresserait). Là, elle un grrrrrrrand bureau avec décoration façon intérieur des années 50 en Allemagne de l’Est, tu vois, coquet certes, mais simple, sa ligne de téléphone, son ordinateur de compétition (un Amstrad 256 ko, millésime 87, une bête de compétition !). Elle a deux supervisors, deux américains d’ailleurs, et le directeur du programme, un sorte de superbritish, franchement scrogneugneu et proche de la retraite (bien méritée). Et la voila repartie, concentrée comme du lait dans un tube, à peaufiner sa thèse sur….euuuh…sur quelque chose de très chouette qui doit nous permettre, une fois publiée, de vivre en retraités à Copacabana (où au Molay-Littry, on hésite encore). Eh oui, car c’est là qu’est l’astuce, o ingénieuse Lidia : le sujet de sa thèse constituera son troisième roman, d’où, d’une pierre deux coups (pas folle la guêpe). L’année prochaine elle commencera aussi à enseigner ce qui lui fera de l’expérience dans ce domaine et donc lui permettra de trouver un super-job pour que moi, enfin, je puisse me dévouer corps et âme à la musique. Elle revient ensuite vers les 16 heures et prend le vélo pour aller chercher les enfants (1 heure et demi par jour tout de même) car moi, après être cogné les tâches ménagères, je suis d’humeur peu patiente. Et pourtant, je fais des efforts colossaux. Tiens, l’autre jour, Cédric rentre avec une espèce de gribouillis multicolore sur une feuille de papier et me le tend tout fièrement :

-       regardez Papa, j’ai fait ca pour vous à l’école !!!!
-       Rrrrroooooohhh (quelle horreur) qu’est-ce que c’est Cédric, mmh ?
-       Devinez !
-       Voyons voyons….(la carcasse d’un char a Grozny ?), une maison sur pilotis ?…non..( Miro, Kandinski, Cabu ?)…une voiture plutôt….(je le tiens peut-être à l’envers ?) attends, attends…(une bouse de vache vue de la lune…ou le contraire d’ailleurs)…..on dirait plutôt…un dinosaure !
-       Noooonn, c’est un chevalier !! Là il y a l’armure (bah tiens ! suis-je distrait), là c’est les plumes (il est pas prêt de s’asseoir le chevalier en question), là c’est la lance (manifestement cuite dans l’eau chaude) et là c’est son bouclier (la tâche de café là ?)!!! Voila c’est pour vous !

O joie ô bonheur ! Je vous entends d’ici, mauvais père, horrible père etc. N’empêche qu’avant, ca partait fissa à la poubelle alors que maintenant, j’ai créé une étape intermédiaire et je stocke ces dessins jusqu’à ce qu’ils soient oubliés pour les classer verticalement dans un second temps. Raffiné non ?

Revenons à notre Lidia. Parfois, il lui arrive des idées. Pour l’écriture, c’est très bien. Pour d’autres applications, cela peut se discuter.

­ Achille, tu ne devineras jamais ce qu’est j’ai acheté.
- Dis toujours ?
- Il y a un laboratoire d’agronomie sur le campus et ils cultivent des fruits et légumes. Là, c’était des kiwis à 2 dollars !
- Des kiwis de laboratoires… ? Qui ont le goût le de souris grises ?
-J’en ai acheté 5 kilos.
- 5 Kilos ?!
-….c’est peut-être un peu trop…
- t’inquiètes, avec mon couteau multi-fonctions je vais te met concocter une de ces confiture !

La semaine d’après, c’était des bananes…patience et longueur de temps…

Je me disais l’autre jour que je ne vous avais pas parlé des Maoris, qui pourtant étaient là avant ces abominables colonisateurs britanniques. La particularité de la relation entre les Maoris et les anglais d‘importation tient à ce qu’au terme d’une série de batailles, il y a eu un traité comportant plusieurs clauses de « bon voisinage », posant les bases d’une vie commune entre autochtones et colonisateurs. Ce qui n’a pas été le cas en Australie avec les Aborigènes. Et donc, normalement, il y a égalité de traitement, de chances entre les Maoris et les descendants britanniques. Mais c’est surtout vrai en théorie ; comme partout ou l’homme blanc, civilisateur, esthète et philanthrope a mis les pieds... Les Maoris sont proportionnellement plus nombreux en prison, atteignent moins souvent un niveau d’éducation élevé et grossissent plus vite. L’impartialité affichée et l’égalité des chances n’est pas la même selon qu’on naît Maori où anglo-saxon. Les Maoris ont des tatouages impressionnants, parfois même sur le visage (Moko). L’autre jour, je me suis retourné et trouvé face à un superbe Maori, costaud comme un de ces All Blacks qui nous ridiculisent au petit déjeuner, dont le visage représentait une carte d’état-major au 1/1 000eme de la région du Molay-Littry (Calvados). Ca produit son petit effet, croyez-moi. Il y a d’importantes mesures prises pour préserver l’héritage Maori, tant à travers les sculptures dans les parcs publics, que dans la traduction systématiques en langue Maori de toutes les inscriptions officielles, où encore, par le biais d’une chaîne de télévision en langue Maori. Des noms de rues, de quartiers (nous habitons à Whakarongo par exemple et « wh » se prononce « f ») rappellent constamment la présence des Maoris. Voilà pour un bref coup d’œil de ce côté-là. J’en découvrirai certainement plus au fil du temps.

Pour terminer, parce que cette chronique est un peu décousue et que je dois retourner à mes gammes, je vous livre, à vous jeunes parents en manque de solutions ingénieuses, une recette pour préparer rapidement un déjeuner pour les enfants. Attention, cette recette n’est valable que tous les trois jours

Recette dite du troisième jour

Primo : gardez les restes des repas du jour 1
Secundo : gardez les restes des repas du jour 2
Tertio : mélangez les restes des jours 1 et 2, réchauffez, ajoutez de la sauce tomate et du parmesan râpé, c’est prêt !

Qu’est-ce qu’on ne ferait pas pour les enfants.

Bye,
Achille

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