Le Plaza. Rien à voir avec le Plaza Athénée, vous vous en
doutez bien. C’est une sorte de halle assez grande avec plein de magasins. Mais
surtout, il y a derrière l’abominable Starbucks, au milieu de l’allée centrale,
trois ateliers de polissage, carrossage et peinturlurage d’ongles. C’est la que
d’adorables midinettes au tonnage bien contenu par des vêtements ultra moulants,
aux visages plus colorés qu’un casino a Las Vegas, et a la moue plus blasé
qu’un fils d’émir saoudien, se font poser de faux ongles un peu moins longs et
carres que le tremplin d’une piscine olympique. On peut lire dans leur regard
torve sous un front bas et serré qu’elles rêvent de planter ces griffes dans le
dos d’un prince charmant au terme de soixante secondes de feulements et
halètements sur la banquette arrière de sa Holden (c’est Opel mais ici et en
Australie, c’est rebaptisé Holden) GTI, triple arbre a cames en tête, 53
soupapes, jantes alliage, pot grosse Bertha, spoiler Le Mans et levier de
vitesse a tête de mort. Aaaaaahh qui a dit que le romantisme était mort chez
les jeunes ? Mmmmmh j’entends d’ici le choc des canettes de bière Tui
(bière nationale qui se pisse bien) sur le plancher du carrosse chromé qui
tangue sous les ahanements gutturaux (le fameux haka ?) de ce chevalier
des temps moderne, mi-Maori, mi-Pakeha, au visage entièrement tatoué. Canettes
qu’évidemment, je retrouverai sous peu et sous forme de milliers d’éclats de
verre, sous les pneus de mon vélo. Car ici, on balance sa bouteille de bière
par terre. Dans des proportions inouïes. Remplacez les déjections canines à Paname
par des éclats de verre et ça vous donnera l’idée du tapis chatoyant certes,
mais dangereux qui couvre trottoirs et bords de route (8 chambres a air
changées en 12 mois…).
Bref, je faisais des courses pour Lidia car depuis deux
mois, je ne sais quelle mouche l’a piquée, elle décide de faire des brioches,
donuts, scones, voire du pain tous les samedis et dimanches matins. Elle qui ne
se lève qu’après la sixième sonnerie du réveil, tous les week-ends, la voila
qui saute du lit a 7 heures et avec Cédric, ils jouent aux boulangers. Mais
bon, au lieu de vous raconter tout cela dans le désordre, je vais vous
concentrer tout ca sur une journée histoire qu’il y ait un semblant de
structure dans cette chronique-la, bon sang, hein, de qui s’moque-t-on ?
6.15.
Première sonnerie du réveil. Intérieurement, je maudis l’inventeur de cette
« machine infernale » que je verrai bien subir le pal sur la grande
aiguille de Big Ben. Lidia qui dort gracieusement à coté, ne bouge pas un cil.
Flemmarde.
6.30.
Deuxième sonnerie. Je sors du lit, prépare le petit déjeuner, rejoint
rapidement par Lidia qui prépare les jus d’oranges pressées pour tous. Cédric,
le seul matinal de toute la famille, y compris les week-end (je ne sais de qui
il tient cette manie !) se joint a nous (eeeet merde, pas un seul moment
en tête-à-tête !!!1). Ensuite, on lève les deux autres, Albert et Sosthène.
Albert, c’est l’opposé de Cédric. Une masse totalement inerte, un poids mort.
Lui, il aurait le droit d’hiberner, il le ferait. Faut le porter jusqu’aux
toilettes et ensuite, pratiquement l’habiller. A 4 ans et demi. Ni mes
fulminations, mes commentaires tour à tour sarcastiques (si tu avais été le
Chevalier Bayard, t’aurais pas même été capable de mettre ton armure, s’pece de
tortue) ou élogieux (bravooo ! t’es en passe d’être plus rapide que ton
petit frère Sosthène !!) n’y changent rien. Il a une absolue confiance en
son droit d’être tel qu’il est. Tout lui glisse dessus comme un pet sur une
toile cirée. La placidité granitique, une force hyper tranquille, l’Albert.
Bref, avec carotte et bâton, je finis tout de même par l’asseoir a la table ou
il commence par contempler pendant dix bonnes minutes son bol de céréales sans que
j’y puisse déceler la moindre raison apparente (en fait, si : ……je sais
qu’il continue de dormir, les yeux ouverts). Sosthène est plus simple. Un
mélange de Cédric et Albert. Et puis il est propre depuis deux mois, ce qui
facilite pas mal les choses (sauf les nuits). Petit déjeuner donc, puis
brossage de dents pour Cédric, qui ensuite nettoie la salle à manger pendant
que Albert se brosse deux dents (cote gauche en bas, le moins fatiguant), la
tête appuyée sur un coude, appuyé sur l’évier de la salle de bain, pour pouvoir
poursuivre son lent réveil.
8.20
Tout ce petit monde embarque dans notre toute nouvelle bétaillère a cathos
d’occasion (huit places, petits rideaux coquins aux fenêtres, porte
coulissante, double toit ouvrant, auto-radio retro-eclairé façon lunapark, 8
haut-parleurs pour laisser déferler le R’nB mais bon, il ne fonctionne pas,
porte-canettes et jacuzzi incorporés) et en route pour l’école. Cédric va dans
son école pendant qu’Albert et Sosthène vont dans leur Learning Centre (sorte de garderie éducative), chacun dans sa
section d’age. Retour a la maison et Lidia file vers son bureau (qui se trouve
être la salle à manger) et j’enfourche mon vélo pour pédaler allègrement vers
le mien (de bureau). La, je reçois quelques clients et mon lot de curiosités.
-Hello
-Hello
-Vous
venez pour un emploi ?
-Oui
-bien.
Je vais commencer par vous enregistrer. Quel est votre nom s’il vous
plait ?
-Gopakamar
Pathrose Mudikatlu Ramachandran Poovathukumdy
-…………ouiouioui…….je
vois…c’est tout votre nom ça, euh…Gopatapamachinchose loukoumdidonc ?
- Ah
non, mon nom c’est Mudikatlu Ramachandran Poovathukumdy. Gopakamar Pathrose,
c’est mon prénom.
- Ca
vous gène si je vous appelle Steve ?
J’ai
aussi des cas plus surprenants, comme cet autre indien (disciple de Sri Sri
Ravi Shankar, ça en fera sourire certains d’entre vous) qui après l’interview,
passe derrière mon bureau, derrière moi et me plaque ses deux puissantes pognes
de lutteur turc sur mes frêles (et aristocratiques) épaules et commence à me
masser si vigoureusement que je me crois pour quelques instants être un tapis
de la Savonnerie piétiné par une charge d’éléphants. En fait, le gars voulait
me montrer qu’en plus d’être diplôme de la faculté d’économie de New Delhi, il
était aussi professeur en « Art de Vivre ».
Puis
j’ai des cas plus tristes comme cette camerounaise dont le père, opposant
politique avait été assassiné il y a quelques années, et qui se retrouve seule
avec deux enfants de 5 et 2 ans a Palmy, fraîchement larguée par son mari qui
est allé se refaire une fortune aux USA, la laissant sans argent ni visa.
12.00
Forum social a la mairie, qui réunit toutes les associations et agences qui
oeuvrent dans le domaine social (les vieux, les handicapés physiques, mentaux,
les asociaux, les ex-taulards, les immigrés, bref tous ceux qui nous renvoient
a la fragilité de notre trajectoire). Le truc marrant, c’est qu’ici, le
déjeuner n’est pas vraiment important. Donc on peut y placer des rendez-vous et
chacun apporte son sandwich à base de pain de mie industriel, jambon industriel
et fromage industriel (beuarkh industriel). Au début, ça surprend un peu, mais
je commence maintenant à être habitué à la minute de prière en Maori qui
précède toutes les réunions. « Dieu bénissez cette assemblée et les bonnes
volontés qui y sont réunies et donnez-nous la force de nous écouter et de
trouver ensemble des solutions (pour ne pas nous faire à nouveau baiser
par ses salauds de colons)» Et ça marche !! Dieu serait-il Maori ?
Faudrait qu’on essaye ça lors des négociations au sein de la Fonction Publique
ou de la SNCF…(En tous cas Il n’est pas rugbyman…)
Jusqu'à
5 heures, j’ai droit à une succession d’entrevues avec des clients plus ou
moins annoncés (« bonjour, je peux prendre rendez-vous ? »-« Bien
sur, quand souhaitez-vous me voir ? »-« Tout de suite, c’est
possible ?»), des réunions d’assos qui se battent pour obtenir le
renouvellement de leurs fonds (ici, la plupart des agences ou assos
fonctionnent avec des bourses privées ou publiques obtenues annuellement après
examen des dossiers, d’ailleurs mon job est finance par une bourse annuelle, et
en mars, si tout va mal, je devrais me retrouver au chomedu) ou pour lancer de
nouvelles initiatives en faveur de l’emploi de personnes défavorisées.
5.30
heures, retour a la maison ou je retrouve Lidia qui est allée chercher les
enfants. Des l’arrivée de tout ce beau monde, ça devient très militaire. Cédric
et Albert sortent leurs cantines des cartables, les vident dans la poubelle
s’il y a des restes de sandouiches (oui j’ai bien ecrit
« sandouiches »)1 ou de bananes (la demi-pension n’existe
pas malheureusement ! Tous les soirs il faut préparer des sandouiches pour
le lendemain) et les nettoient. Ensuite, le premier qui entre dans le bain et
se savonne a le droit de sortir en premier (le risque de ce genre de course
évidemment, c’est le pugilat entre Cédric l’agile et Albert le hargneux).
Généralement, Cédric gagne. …gagne le droit de dresser la table du dîner !
Ce qu’il fait heureusement avec plaisir. « Pas vrai Cédric que tu aimes
bien mettre la table pour aider Papa et Maman qui travaillent dur pour toi tous
les jours pendant que tu t’amuses à l’école, pas vrai, hein, dis ? »
« Euh..oui Papa ». Et hop, emballez c’est pesé. Pendant que je
m’occupe des deux autres (notamment de Albert dont la lenteur d’exécution
témoigne d’une préparation au sommeil fort minutieuse), Lidia apprend le piano
a Cédric sur un minuscule synthe de deux octaves pour nouveau-nés, v’voyez le
genre… ?(« mais puisque je te dis qu’il veut apprendre la batterie !!!!! »
« oui eh bien il commencera par le piano, après tout, qu’il tape sur des
tambours ou des touches, c’est la même chose non ? »). Ensuite c’est
le dîner. Quatre a table, Sosthène dans sa chaise haute. Un petit benedicite pour remercier Dieu de nous
avoir mis la Nouvelle Zélande sur un plateau, de nous préserver d’atroces
maladies et s’Il pouvait me souffler la combinaison gagnante du loto, le
bonheur serait complet.
-(Cédric) Maman, maman,
maaaaamannnn !!!
- (Lidia) qu’y a-t-il Cédric ?
- (Cédric) regardez Albert :
il ne mange pas avec dignité !!!
(Albert
sur un coussin qui lui évite d’avoir le menton au niveau de la table, est
affalé comme un satrape, mâchant la bouche ouverte, un œil mi-clos).
- (Albert, très détaché) non
- (moi) Comment ca
non ? M’enfin Albert, qu’est-ce que c’est que ces manières ? On
dirait une bouse de vache !
-(Cédric) C’est quoi une
bouse de vache Papa ?
-(moi) on ne parle
pas de ca a table !
- (Cédric) mais c’est
vous qui…
- (moi) et on ne
discute pas non plus.
- (Albert) Papa,
papaaaaa !
- (moi) quoi Albert ?
- (Albert) Cédric, ben il
mange pas avec dignité ! (Cédric laisse traîner un coude sur la table)
- (Cédric) c’est pas vrai
c’est toi qui n’a pas de dignité !!
- (moi) et puis c’est
quoi cette histoire de « dignité » ?
-(Lidia) C’est moi qui
leur ai dit de se tenir correctement a table, d’être digne. D’ailleurs Achille,
tu devrais te tenir droit, je trouve que tu manques de dignité..
- (moi) mais c’est que
vous commencez à me courir sur le haricot avec votre « dignité »
- (Cédric) c’est quoi un
haricot Papa ?
- (moi) sois digne et
tais-toi.
Tout ca
en anglais évidemment, car je ne suis pas parvenu à maintenir les échanges
entre frères en français. Mais je prépare ma revanche sous peu, attendez voir.
En plus, Albert me rajoute des « aye » qui sonnent bon leur
authentique néo-zélandais, à la fin de chaque interrogation.
Ensuite,
Cédric dessert, Lidia nettoie la cuisine et je brosse les dents de Sosthène
tout en surveillant le travail d’Albert dont le second œil commence à se fermer
alors qu’il attaque les prémolaires avec un entrain mesuré. Puis Cédric se
brosse les dents et rejoint sa mère pour l’heure de lecture/écriture qui lui a
permis jusqu'à présent de rattraper son retard sur les autres élèves. De temps
en temps, Albert le rejoint et Lidia fait la lecture aux deux mais ne fait
travailler que Cédric. Cédric, en vrai fils de son père, n’est concentré que
par ce qui l’intéresse, sinon ca traverse son esprit aussi vite qu’une pensée
pieuse l’esprit de Paris Hilton. Cédric a beau être celui qui doit réviser, il
se passe parfois de drôles de choses lors de ces devoirs du soir.
-(Lidia) Là,
qu’y-a-t-il d’écrit ? (sous une
image on peut lire : L’ours polaire peut parcourir 300km sans avoir besoin
de nourriture ni de boire plus d’une fois)
-(Cédric)
….euh…L’ours polaire….euh….l’ours….euh….polaire….l’ours polaire….euh (oui bah on le saura qu’il est polaire
l’ours !!!!)
-(Lidia) Cédric, ça
fait trois fois que je te fais relire cette phrase et tu ne t’en souviens
toujours pas !!!!! T’as intérêt à faire un effort sinon je vais arrêter
les cours de..
(Cédric plein d’espoir) ….piano ?
-(Lidia) …de foot.
Alors cette phrase ??? L’ours….
- (Cédric) euhhh
l’ours…polaire..
-(Albert, les yeux fermés) L’ours polaire peut parcourir 300 km sans avoir besoin de nourriture ni de
boire plus d’une fois.
-(Cédric au bord des larmes) Oooooooohhh mais j’allais le diiiiiiireeeeuuuuuhh !!!!1 Pourquoi Albert
il m’interrompt tout le temps ?!!!
Une
heure de cours du soir tous les soirs, week-end compris et ensuite a 20 heures,
hop, tout ce petit monde au lit. 21 heures, après être venu à bout de la
paperasserie, j’attaque la musique. Soit le déchiffrage des manuels
d’utilisation des différents logiciels que j’ai, soit la guitare, soit la
basse, la batterie ou l’écriture des textes. Tout ça soutenu par un mélange
délétère de chocolat, vin+bière, chewing gum et aspirine, propice a
l’inspiration. Je ne chante que les week-ends, pendant la sieste de
l’après-midi, en priant que les voisins d’en face n’entendent pas « kiss
meeeeeeeeeee my looooooooooooooove !!!!!!!!!!!!!!! ». Pendant ce
temps, Lidia retourne au travail jusqu'à 23 heures.
Parfois,
je suis de service pour représenter le Centre d’accueil à des sauteries en
ville histoire qu’on ne nous oublie pas au moment de l’allocation des fonds de
fonctionnement. L’autre soir par exemple, en pleine coupe du monde de rugby,
j’étais à l’inauguration de la nouvelle permanence du député local qui est
aussi ministre de l’Education et d’un tas d’autres choses, avec tout un tas de
travailleurs sociaux et de sommités locales. A un moment donné, on me signale
derrière moi une dame qui me tend la main, je la lui serre en me
nommant « Achille de Ladigue d’Ondaine, du Centre d’accueil pour
immigrés». « Helen Clark, Premier ministre » qu’elle me répond. Là j’ai
connu un grand moment de surprise. Comme je ne m’attendais pas du tout à ce
genre de rencontre, j’ai été un peu pris au dépourvu. Heureusement, je suis
rapidement passé de la surprise à la déroute totale en lui disant que j’étais
français, ce au lendemain du 20 a 18 du XV de France…(grâce à une superbe passe
en avant « oubliée » par l’arbitre). Tout ça pour vous dire qu’ici,
les politiques se déplacent très coolement, sans plus de deux flics ni grosse
artillerie. Le Ministre de l’Education a pris le micro, s’est proclamé DJ de la
soirée et à fait un discours très décontracté. On se serait davantage cru à la
Kermesse de Sainte Honorine des Pertes qu’à une inauguration officielle en
présence du Premier Ministre. Apres avoir éclusé quelques verres de cet
horrible vin néo-zélandais qui contient (9 bouteilles sur 10) des traces
d’œufs, de lait et de poissons (pour le filtrage me dit-on) et qui vous
flanquent la migraine façon guillotine et dégusté quelque canapés fait maison
(un traiteur français, même celui d’un supermarché, ferait fortune
ici !!), je rentre à bicyclette à la maison.
Lidia a
repris du poil de la bête malgré les régulières avanies subies de la part de
ses deux superviseurs américains (le premier est un écrivaillon raté pas même
capable de publier une annonce dans une revue immobilière, l’autre une sorte de
poète mégalo et dangereux dont e bureau est tapissé d’articles locaux ou
universitaires à sa gloire, dans Harry Potter il aurait joué le rôle de Gilderoy Lockheart)
et prépare activement sa revanche d’ici un mois. En tous cas, la sélection
surprise de son livre Le Ciel en cage
(que bien évidemment vous avez tous acheté, bande de menteurs !) pour le
Prix Médicis a été une très bonne nouvelle et nous espérons sans trop y croire,
qu’elle l’aura. Wait and see. En tous
les cas, la version originale qui sera publiée en début d’année prochaine par Random House, tiendra compte des
remarques qui ont été faites sur la version française et sera donc (encore)
meilleure. Pour les amoureux de l’original, vous pourrez donc l’acheter dans sa
« vraie » version l’année prochaine. Et cette fois-ci, ils
n’oublieront pas la page des remerciements que je vous joins parce qu’elle
concerne certains d’entre vous.
Minuit,
un petit coup de Harry Potter (toujours aussi plaisant) et hop, la clef des
songes est a moi jusqu’au lendemain que ce foutu réveil viendra violer de sa
sonnerie sadique.
J’en
profite pour vous dire que je vais me mettre un peu au vert ces prochaines
semaines et que je ne pourrai pas tenir le rythme enfiévré de mes chroniques
presque mensuelles, et ceux en dépit des très très nombreux emails que vous
m’envoyez après chaque livraison. Vous tenez donc sans doute la dernière de mes
chroniques entre les mains.
Enfin, à
la prochaine…
Achille
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