lundi 3 octobre 2011

Apres le Nouvel An...


Noel, puis le Nouvel An, puis le mois de janvier et tout un tas de choses importantes et fastidieuses, administratives ou médicales à faire, sans parler des enfants qui sont en vacances et qui ont joyeusement égayé mon quotidien pendant trois semaines. De quoi faire de moi une puéricultrice patentée. Heureusement, soleil et chaleur me permettent de mettre en pratique mes dons de King of the Barbecue où tout ce qui n’est pas carbonisé est mangeable.

Mon anglais labellisé kiwi commence lentement à s’améliorer. Evidemment, je connais encore quelques hésitations. Tiens l’autre jour, on se promenait avec les enfants dans la College Street à admirer les jardins en fleurs, ou poussent les citronniers, les orangers et les gougnafiers, le ciel immense zébré de rares traines blanches (laissez, je vire poète parfois) et voila qu’on va croiser un groupe de quatre adultes, dont un chauve. Si si, ça a son importance. Et comme nous sommes à quelques jours de Noel, que nous sommes en Nouvelle Zélande et que les gens y sont très majoritairement heureux et polis, je sens qu’on va y aller de notre Happy Christmas. Les voila à deux mètres de nous, et je me prépare à leur souhaite un Happy Christmas lorsque le gars d’en face, le chauve en question me devance d’un Merry Christmas. Et moi, me disant qu’il faut lui donner la même réplique, je voulais changer illico presto mon happy christmas en merry christmas, mais la bascule sémantique s’est faite moins précisément que je ne l’aurai souhaité et je balance un Hairy Christmas, relativement peu adapté à mon chauve d’interlocuteur…

Il a fallu faire une pause de cinq minutes pour que Lidia reprenne son souffle.

Bon à part ca, je commence petit a petit à me faire à cet accent. C’est très progressif dans la mesure où mes contacts avec les autochtones ne sont dus qu’à l’extrême nécessité de me renseigner sur le prix du pain, le numéro de la rangée dans laquelle se trouve les couches culottes, le prix d’un amplificateur de Bass Behringer 30 watts et quelques rapides (et modestes) commentaires sur les performances du XV de France face aux All Blacks.

Cependant, je sens que ce mois de février devrait apporter son lot de changements.

L’autre jour, alors que je donnais le bain aux enfants, Lidia arrive et me signale qu’il y a un tas de bouteilles de bière qui jonchent le trottoir devant notre humble maison et qu’elle va aller de ce pas parler aux jeunes d’en face dont on entendait les braillements gutturaux à 50 mètres à la ronde. Faut savoir qu’ici, il y a très peu de rixes, les jeunes préfèrent investir à fond dans des pots d’échappements un peu moins petits que la bouche de la grosse Bertha et qui font trembler les vitrines des honnêtes bourgeois que nous sommes, et de temps en temps, ils se la jouent 24 heures du Mans dans la rue en laissant de longues traces de gommes sur la chaussée. Pas bien méchant comparé à la bande de pauvres jeunes désœuvrés qui démantibulait les panneaux et cabines téléphoniques, portes d’entrée et boites aux lettres devant chez nous en France. Voila donc, notre Lidia de choc, fine et frêle silhouette d’1m75 allant leur demander à ces brutes-là, pourquoi ils choisissent de balancer leur déchets chez nous plutôt que dans leur poubelle. Je me dis que j’interviendrai au premier cri tout en séparant Cédric d’Albert après qu’il lui a mis un coup de brosse à dents dans les fesses et que ça le fait pleurer de rire, alors que Albert ça le fait pleurer tout court. Et que Sosthène pleure par solidarité. Donc je poursuis mon travail de mère au foyer lorsque, au bout de trois quart d’heures tout de même, j’entends Lidia qui rentre d’un pas plus qu’allègre, quasi…aérien…

- Alors ?! T’en as mis du temps ? Ils t’ont prise en otage ?
- Je ne sais pas ce qu’il y a dans cette canette, mais c’est plus fort que je pensais…
- Dis-moi ! Que s’est-il passé ?
- Aaaahhhh bah je comprends maintenant….c’est du cocaaa…
- ça te gênerais de me dire…
- avec un mélange de whisky…
- mais t’es complètement pompette ????
- et de vodka…pffffffffiiiouuuuuuuu….jeeeuumeeedisaiiiiizaussiiiii….
- Tu ne veux pas que je la finisse…ca serait plus raisonnable ?

En fait, Lidia leur a finement demandé en quoi nous les avions offensés pour qu’ils comblent notre horizon de leurs déjections et du coup, complètement surpris et gênés, ils sont allés chercher leurs bières pour les mettre dans leur poubelle. Puis ils ont discuté le bout de gras et lui ont généreusement offert une canette de Coca-alcool. Elle m’épate !

Ca y est ! Premiers cours de guitares. David pour le Folk et le classique + le chant (parce que pour l’instant, mon chant n’est pas vraiment synchronisé avec mon jeu et mes propres chansons se fondent lamentablement en une espèce de bouillabaisse verbale qui n’est pas sans évoquer le chanter vaginal de nos stars pré-pubères et lobotomisées de la star Academy, les kilos en moins) et Matthew, pour la guitare électrique et les riffs déchirants. Au programme, prélude de Bach, guitare espagnole, et mon premier morceau qui sera celui que vous entendrez dans deux ans à la radio (pari tenu, cochon qui s’en dédit). Comme j’ai peu de temps dans la journée, je bosse plutôt le soir entre 21 heures et 1 heure. Sans parler qu’il faut que je retravaille mes textes, la plupart étant en français et ceux qui sont écrits en anglais sont bourrés de fautes. A ça s’ajoute que j’ai enfin un logiciel de création musicale, hyper complet, c’est simple il fait tout, mais pour savoir comment, il faut avaler les 879 pages du manuel…Avec des phrases du genre ”pour enregistrer en morceau en MIDI, ouvrez un conteneur, vérifier les niveaux du VU-mètre, assignez le VST au port IN de votre carte son ASIO, bypassez le monitoring direct et sélectionnez la durée de l’événement en fonction de la densité de bifidus actif dans votre glotmuch biconcave”, c’est pas gagné. Me voilà donc à la tête de mon premier home studio mais je sens qu’avant de goûter au plaisir de la création, il me faudra d’abord comprendre l’outil. Heureusement que la technique, ça me connaît.

A part ça, on passe beaucoup de temps dehors, faut dire qu’il fait entre 20 et 25 degrés en ce moment, avec une petite bise histoire de ne pas brûler. Dès que le soleil se montre, on joue haro sur la crème solaire vu qu’ici, nous ne sommes pas loin du trou dans l’ozone et que le mélanome apparaît beaucoup plus vite que le bronzage ! Alors nous emmenons les enfants dans un de ces parcs avec des tas de jeux, où les familles peuvent venir faire griller leurs viandes…sur les barbecues construits sur place et il n’est pas rare de croiser des ados en costume de bain, serviette autour du corps, rentrant de la piscine, croire que nous sommes à 30 mètres de la plage. Et là, sous les palmiers, au son des criquets qui se frottent l’abdomen tel Yehudi Menuhin son violon, on laisse les enfants s’amuser avec les différentes attractions.

Lidia de son côté, fait face courageusement aux mesquineries de ses superviseurs en se donnant à fond dans son travail, ses devoirs, essais et critiques de livres à rendre. Elle a encore 9 mois difficiles, puis c’est l’autoroute après, il n’y aura plus que le livre, qui est sa thèse de doctorat, à rédiger.

Et comme il est dit que je terminerai cette chronique par des offres promotionnelles absolument étourdissantes, je vous recommande à nouveau le site de cette excellente amie, Linda, www.lindaboie.com qui organise des diners aussi surprenants que délicieux !


A bientôt,

Achille

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