Noel, puis le Nouvel An, puis le mois de janvier et tout un tas de choses
importantes et fastidieuses, administratives ou médicales à faire, sans parler
des enfants qui sont en vacances et qui ont joyeusement égayé mon quotidien pendant
trois semaines. De quoi faire de moi une puéricultrice patentée. Heureusement,
soleil et chaleur me permettent de mettre en pratique mes dons de King of the
Barbecue où tout ce qui n’est pas carbonisé est mangeable.
Mon anglais labellisé kiwi commence lentement à s’améliorer. Evidemment, je
connais encore quelques hésitations. Tiens l’autre jour, on se promenait avec
les enfants dans la College Street à admirer les jardins en fleurs, ou poussent
les citronniers, les orangers et les gougnafiers, le ciel immense zébré de
rares traines blanches (laissez, je vire poète parfois) et voila qu’on va
croiser un groupe de quatre adultes, dont un chauve. Si si, ça a son
importance. Et comme nous sommes à quelques jours de Noel, que nous sommes en
Nouvelle Zélande et que les gens y sont très majoritairement heureux et polis,
je sens qu’on va y aller de notre Happy Christmas. Les voila à deux mètres de
nous, et je me prépare à leur souhaite un Happy Christmas lorsque le gars d’en
face, le chauve en question me devance d’un Merry Christmas. Et moi, me disant
qu’il faut lui donner la même réplique, je voulais changer illico presto mon
happy christmas en merry christmas, mais la bascule sémantique s’est faite
moins précisément que je ne l’aurai souhaité et je balance un Hairy Christmas,
relativement peu adapté à mon chauve d’interlocuteur…
Il a fallu faire une pause de cinq minutes pour que Lidia reprenne son
souffle.
Bon à part ca, je commence petit a petit à me faire à cet accent. C’est très
progressif dans la mesure où mes contacts avec les autochtones ne sont dus qu’à
l’extrême nécessité de me renseigner sur le prix du pain, le numéro de la rangée
dans laquelle se trouve les couches culottes, le prix d’un amplificateur de
Bass Behringer 30 watts et quelques rapides (et modestes) commentaires sur les
performances du XV de France face aux All Blacks.
Cependant, je sens que ce mois de février devrait apporter son lot de
changements.
L’autre jour, alors que je donnais le bain aux enfants, Lidia arrive et me
signale qu’il y a un tas de bouteilles de bière qui jonchent le trottoir devant
notre humble maison et qu’elle va aller de ce pas parler aux jeunes d’en face
dont on entendait les braillements gutturaux à 50 mètres à la ronde. Faut
savoir qu’ici, il y a très peu de rixes, les jeunes préfèrent investir à fond
dans des pots d’échappements un peu moins petits que la bouche de la grosse
Bertha et qui font trembler les vitrines des honnêtes bourgeois que nous sommes,
et de temps en temps, ils se la jouent 24 heures du Mans dans la rue en
laissant de longues traces de gommes sur la chaussée. Pas bien méchant comparé
à la bande de pauvres jeunes désœuvrés qui démantibulait les panneaux et
cabines téléphoniques, portes d’entrée et boites aux lettres devant chez nous en
France. Voila donc, notre Lidia de choc, fine et frêle silhouette d’1m75 allant
leur demander à ces brutes-là, pourquoi ils choisissent de balancer leur déchets
chez nous plutôt que dans leur poubelle. Je me dis que j’interviendrai au
premier cri tout en séparant Cédric d’Albert après qu’il lui a mis un coup de
brosse à dents dans les fesses et que ça le fait pleurer de rire, alors que Albert
ça le fait pleurer tout court. Et que Sosthène pleure par solidarité. Donc je
poursuis mon travail de mère au foyer lorsque, au bout de trois quart d’heures tout
de même, j’entends Lidia qui rentre d’un pas plus qu’allègre, quasi…aérien…
- Alors ?! T’en as mis du temps ? Ils t’ont prise en otage ?
- Je ne sais pas ce qu’il y a dans cette canette, mais c’est plus fort que je
pensais…
- Dis-moi ! Que s’est-il passé ?
- Aaaahhhh bah je comprends maintenant….c’est du cocaaa…
- ça te gênerais de me dire…
- avec un mélange de whisky…
- mais t’es complètement pompette ????
- et de vodka…pffffffffiiiouuuuuuuu….jeeeuumeeedisaiiiiizaussiiiii….
- Tu ne veux pas que je la finisse…ca serait plus raisonnable ?
En fait, Lidia leur a finement demandé en quoi nous les avions offensés
pour qu’ils comblent notre horizon de leurs déjections et du coup, complètement
surpris et gênés, ils sont allés chercher leurs bières pour les mettre dans
leur poubelle. Puis ils ont discuté le bout de gras et lui ont généreusement
offert une canette de Coca-alcool. Elle m’épate !
Ca y est ! Premiers cours de guitares. David pour le Folk et le
classique + le chant (parce que pour l’instant, mon chant n’est pas vraiment
synchronisé avec mon jeu et mes propres chansons se fondent lamentablement en
une espèce de bouillabaisse verbale qui n’est pas sans évoquer le chanter
vaginal de nos stars pré-pubères et lobotomisées de la star Academy, les kilos
en moins) et Matthew, pour la guitare électrique et les riffs déchirants. Au
programme, prélude de Bach, guitare espagnole, et mon premier morceau qui sera
celui que vous entendrez dans deux ans à la radio (pari tenu, cochon qui s’en
dédit). Comme j’ai peu de temps dans la journée, je bosse plutôt le soir entre
21 heures et 1 heure. Sans parler qu’il faut que je retravaille mes textes, la
plupart étant en français et ceux qui sont écrits en anglais sont bourrés de
fautes. A ça s’ajoute que j’ai enfin un logiciel de création musicale, hyper
complet, c’est simple il fait tout, mais pour savoir comment, il faut avaler
les 879 pages du manuel…Avec des phrases du genre ”pour enregistrer en morceau
en MIDI, ouvrez un conteneur, vérifier les niveaux du VU-mètre, assignez le VST
au port IN de votre carte son ASIO, bypassez le monitoring direct et
sélectionnez la durée de l’événement en fonction de la densité de bifidus actif
dans votre glotmuch biconcave”, c’est pas gagné. Me voilà donc à la tête de mon
premier home studio mais je sens qu’avant de goûter au plaisir de la création,
il me faudra d’abord comprendre l’outil. Heureusement que la technique, ça me
connaît.
A part ça, on passe beaucoup de temps dehors, faut dire qu’il fait entre 20
et 25 degrés en ce moment, avec une petite bise histoire de ne pas brûler. Dès
que le soleil se montre, on joue haro sur la crème solaire vu qu’ici, nous ne
sommes pas loin du trou dans l’ozone et que le mélanome apparaît beaucoup plus
vite que le bronzage ! Alors nous emmenons les enfants dans un de ces
parcs avec des tas de jeux, où les familles peuvent venir faire griller leurs
viandes…sur les barbecues construits sur place et il n’est pas rare de croiser
des ados en costume de bain, serviette autour du corps, rentrant de la piscine,
croire que nous sommes à 30 mètres de la plage. Et là, sous les palmiers, au
son des criquets qui se frottent l’abdomen tel Yehudi Menuhin son violon, on
laisse les enfants s’amuser avec les différentes attractions.
Lidia de son côté, fait face courageusement aux mesquineries de ses
superviseurs en se donnant à fond dans son travail, ses devoirs, essais et
critiques de livres à rendre. Elle a encore 9 mois difficiles, puis c’est
l’autoroute après, il n’y aura plus que le livre, qui est sa thèse de doctorat,
à rédiger.
Et comme il est dit que je terminerai cette chronique par des offres
promotionnelles absolument étourdissantes, je vous recommande à nouveau le site
de cette excellente amie, Linda, www.lindaboie.com
qui organise des diners aussi surprenants que délicieux !
A bientôt,
Achille
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