Je sais, ça fait un bail que je ne vous ai pas mis au courant de nos
tribulations. Mais je vous avais prévenu qu’il y aurait un moment de silence.
Rassurez-vous, rien de grave, seulement plein de choses a faire et a nouveau
une période intense de boulot pour Lidia…qui n’était pas prévenu.
D’abord Noel ; on ne se fait toujours pas a cette chaleur en décembre
et ces odeurs de barbecue suspendues au-dessus de la crèche ont quelque chose
d’incongru. Le sapin était encore en plastique cette année (je sais sacrilège,
mais c’est la dernière fois promis, et puis la Foret Noire, ce n’est pas la
porte à cote, s’pas ?). Compare a 2007, Noel 2008 aura moins l’air d’être
un Noel d’immigre et les cadeaux, certes toujours en quantité mesurée ont perdu
un peu de leur aspect utilitaire (« ohh chouette, un batteur électrique »,
« ouah, ma ponceuse préférée », « regarde Cédric les belles
chaussettes que tu as maintenant », « regarde Albert, t’as le même
slip que Spiderman » etc.) et nous avons réussi a nous faire des cadeaux
sans arrière-pensée bassement domestique (même si j’ai offert une machine à
pain pour Lidia qui rêvait de faire son pain elle-même). Et ca laisse augurer
d’un Noel 2008 prometteur, moi je vous le dis.
La période de Noel c’est la période des grandes vacances ici et on se
retrouve avec les enfants sur les bras toute la semaine (il y a vraiment qu’a Lidia
que ça fait plaisir). Cédric avait terminé l’année en beauté. La dernière
semaine de cours il rentrait tous les jours avec une carte de vœux :
-dis-donc Cédric, d’où vient cette carte « Meilleurs vœux de la part
d’Olivia »
-bouah c’est Olivia.
-c’est ta copine Olivia ?
- beuh non… ?
Jour suivant
-dis-donc Cédric, c’est quoi cette nouvelle carte « Bonne année Cédric,
de la part de Liz » ?
-.ben c’est Liz ?
-alors c’est Liz ta copine ? (le vrai père chiant, voyez le
genre ?)
- ben non pourquoi ?
Jour suivant
- Cédric, je rêve ou t’as une carte « Bonnes fêtes de la part de
Sarah » ?
- ben oui
- c’est ta copine Sarah ? (quand je vous dis que je suis chiant)
-.non non
Jour suivant
- Cédric, ne me dis pas que tu ramènes encore une carte !?
- non non, c’est un mot de la maitresse qui veut vous voir
-aaah peut-être que moi aussi je vais avoir droit a une carte, mmh ?
Bref, devant nous trois semaines a passer avec les enfants, perspective que
Lidia envisageait avec bonheur et moi avec beaucoup de résignation. Nous avions
décidé dans un premier temps de partir sur une ile dans un club quelconque ou
il y aurait une sorte de prise en main des enfants du matin au soir, mais
devant le tarif on s’est vite replie sur notre bonne Nouvelle-Zélande, et de
la, après plusieurs heures passées devant les sites touristiques néo-zélandais,
nous nous sommes dits que finalement, on aurait aussi bien fait de profiter de
la plage qui se trouve a trente minutes de Dundae et que nous ne connaissions
pas. Malheureusement, le 21 décembre nous sont parvenues les demandes de
changement envoyées par Random House pour l’édition du « Ciel en
cage » en Nouvelle-Zélande. Et comme il fallait rendre la version corrigée
avant la fin décembre et qu’il y avait 450 pages à lire, nous avons partage la journée
en deux. Matinée et après-midi avec les enfants a la plage, fin d’après-midi et
toute la soirée, Lidia et moi attables sur les épreuves corrigées du roman. Moi
lisant a voix haute et Lidia suivant sur sa version. Même la soirée de Noel y
est passée. Et le matin on se levait tout de même a 7.30, ce qui représente
tout de même une heure de grasse mat’ en sus, s’il vous plait, non mais, de qui
s’moque-t-on ! Bref, nous avons termine l’année 2007 sur les rotules. Mais
bronzes. Car tous les jours passes à la plage nous ont permis de profiter du
soleil et de faire le plein d’énergie pour repartir au travail.
Les plages ici sont immenses, le sable plutôt blanc, s’entendait sur des
dizaines et des dizaines de kilomètres. On peut y venir avec sa voiture. Au début,
on ne voit que le cote pratique « chérie, j’ai oublie le décapsuleur mais ce
n’est pas grave car la voiture est garée juste la-devant nous ». Ensuite
ca devient vite agaçant « chérie, j’ai oublie cette saloperie de décapsuleur
et des que toutes ces satanées voitures seront passées, je pourrai traverser la
piste pour aller le chercher dans notre voiture ». Il y a des dunes a
pertes de vue et si l’on ne si connaît pas, on peut s’enliser assez vite.
Heureusement, même a la plage, la gentillesse kiwi ne se dément pas et les gens
s’arrête des qu’ils nous croient en difficulté pour nous proposer un coup de main
(sans parler des deux jeunes de 18 ans qui ont proposer a Lidia de la précéder
en voiture avec leur 4x4 au moment ou nous allions trouver un raccourci en
abordant une sorte de dune du pila en moins miniature). Une fois décembre
passe, la maternelle reprenait pour Albert et Sosthène et Cédric était envoyé
au YMCA pour s’y épuiser en sports varies. On s’était dit qu’au moins on
pourrait sauver deux semaines sur mes trois de vacances (la première ayant
servi à travailler sur le roman de Lidia). Mais, comme je vous l’ai peut-être déjà
dit, Lidia à cesse son PhD a l’universite et s’est inscrite à la Albertia
University. Et donc il lui fallait re-postuler pour le doctorat et présenter à
nouveau un sujet de thèse et tout le tremblement. Bref, ca lui a pris une
semaine de boulot colossal. Et donc il nous est reste…une semaine de
vacances ! Youpiiii ! Remarquez, c’était tout de même 5 jours sans
enfants puisque pendant la journée ils étaient occupes ailleurs. Nous avons
donc bien pu profiter de chaque seconde de calme et de tête-à-tête. C’était ma troisième
semaine de conges. Le soir, pour prolonger un peu notre bien-être, nous n’avons
pas hésité à mettre les enfants devant des DVD (oui oui je sais, mea culpa, mea
maxima culpa) mais comme nous n’en avions pas beaucoup j’ai trouve une astuce
d’enfer pour les ceuss d’entre vous qui sont a la recherche de trucs pas cher
pour amuser les enfants. J’avais acheté un DVD de Batman (dessin anime) et une
fois que les enfants l’ont vu, je l’ai remis mais en italien, puis en allemand,
puis en français. Le croiriez-vous, (non les enfants ne sont pas devenus
polyglottes) mais ils ont chaque fois eu le sentiment de voir un autre dessin
anime ! Ruse le Ladigue. Cela dit, nous avons connu l’attraction du siècle
avec la naissance d’Archibald. L’autre jour, il y a Shelley ma sympathique collègue
(qui jure comme la Maréchale Lefebvre, voire pis), qui entre dans mon bureau
avec une plantanpo, pardon une plante en pot. « Wazzzdatsing
Ugott’ ?» (Ce qui équivaudrait a « Caissaisstrukla ? »)
« Une plante a Monarque » Ben v’la ot’ chose. C’est la seule plante
qui accueille les monarques, un papillon assez grand, orange, noir et tacheté
de blanc. J’ai ramené ca a la maison et Lidia a eu la même réaction que moi
sauf qu’elle y a ajoute une grimace de dégout « mais, on va se retrouver
avec une chenille dans la maison ? » . « T’inquiètes, on a déjà
les fourmis et les araignées, on est plus a ca prêt ». Un jour est apparue
une magnifique chenille striée de jaune, de bleu sur fond noir. Vraiment très
belle. Les enfants n’en pouvaient plus. Je l’avais baptisé Archibald (because Captain
Archibald Haddock, yes my dear !). Puis, la rentrée au bureau. Heureusement le boulot est toujours aussi
sympa, varie, et me laisse une énorme liberté de manœuvre. Mieux, c’est même au
bureau que je fais la moitie de mes répétitions. Parce que je ne me souviens
pas si je vous l’ai dis, mais ca y est, j’ai monte mon groupe de rock. Parce
qu’a force de triturer mon logiciel, je suis tout de même parvenu a accoucher
de sept chansons a vous faire remuer du popotin juste ce qu’il faut pour que
Virgin ou EMI se décident a me faire signer un contrat en exclu. Je me suis dit
que je devais passer par la case studio d’enregistrement et pour cela, mieux
vaut avoir des musiciens chevronnes qui jouent mes parties musicales plutôt que
de tout faire moi-même. Grace a un mien ami directeur de la bibliothèque
municipale, j’ai fait la rencontre d’un gars qui bosse a la bibliothèque et qui
tourne depuis 10 ans avec différents groupes. Son dernier groupe s’intitulant
Bing Turby Ensemble (cherchez pas a comprendre, ca ne veut rien dire, il a
juste trouve le nom comme ca). Et comme il ne fait pas les choses a moitie, il
s’est invente un agent/producteur/band manager du nom de Jim Keltenhausen (son
Jean-Robert Fougnazal a lui quoi). Son style de musique c’est plutôt du rock
tendance country/folk/rockabilly. Pas vraiment mon genre. Je lui ai demande
s’il acceptait de jouer les parties guitares de mes chansons (c’est un guitariste
de niveau moyen-bon mais avec une extraordinaire présence sur scène). Et donc,
un jour que nous répétions, le voila qui me dit qu’il est a la recherche d’un
bassiste pour le Bing Turby Ensemble. Et moi de lui rétorquer, ben si t’es pas
trop exigeant, je veux bien etre bassiste dans ton groupe. Et du coup me voila
bassiste dans le Bing Turkby Ensemble et lui guitariste dans mon groupe ZORN
(« colere » en allemand). Une fois le guitariste trouve, j’ai mis une
annonce vachement attractive, qui n’a attire personne, pour trouver un batteur
et un bassiste. Coup de pot, Craig, le gars du Bing Turby Ensemble, venait de
faire la connaissance d’un batteur fraichement débarqué à Dundae, hongrois
qu’il est de Budapest (mais on est pas sur…), Gabor, a l’état-civil. Bref Gabe
(pour les kiwis) a derrière lui 18 ans de déchainement rythmique et honnêtement,
et j’en écouté des milliers des batteurs, il est d’un niveau exceptionnel,
absolument sidérant alors qu’il n’a que 4 futs (tambours pour les amateurs).
J’ai réussi à convaincre Gabe de jouer avec nous jusqu'à ce que nous ayons
enregistre les chansons en studio. Mais je sais deja qu’il va nous quitter pour
chercher des groupes plus professionnels, qui rapportent davantage d’argent que
nous. Ensuite, j’ai déniché Keith. Il est de Hamilton, a 4-5 heures de route
d’ici. Bon bassiste, capable de jouer tous les styles et ayant déjà pas mal
tourne, y compris a Dubaï. Reste moi, chant et guitare solo (hélas). Eh oui, je
me cogne mes saloperies de solos en même temps que le chant. C’est la que le
bat blesse parce que je suis complètement nul a la maison mais alors en public,
voire juste lorsque nous répétons, je commets erreur sur erreur, pire qu’un
premier essai au violon par un manchot. Enfin bon, a cœur vaillant, s’pas…Me
voila donc a répéter un coup avec Bing Turkby Ensemble (BTE) et un coup avec
Zorn, en tous 3-4 fois par semaine. Le reste du temps, je répète tout seul à la
maison. Puis le premier concert de ma vie est arrive. Le 9 février, au Bar
Mode, a 22 heures. Une salle de 100m2 avec, au bas mot, 30 personnes (dont 15
punks mathusalemiques surgit des années 70 mais beaucoup plus grassouillets que
jadis). Du coup, la pression que je commençais de ressentir est retombée et
j’ai pu jouer assez décontracté. Sauf que le gars a la sono, avait mis le
volume a fond, je n’entendais plus qu’un magma de sons, les paroles de Craig étaient
absolument inaudibles et a de nombreux passages, je joue tout simplement faux
parce que je ne m’entendais pas. Mais bon, les 4 personnes en liesse qui nous écoutaient
avec ferveur ont trouve que c’était beaucoup mieux que d’habitude grâce au
bassiste. Je m’étais trouve assez médiocre, mais a ce moment-la, je ne savais
pas que je pouvais faire encore pire. Faut dire qu’avec un tel rythme de répétition,
je commençais sérieusement à fatiguer. Le 22 février dernier, on jouait pour
les nouveaux étudiants étrangers de L’universite, au Stomach, qui est le studio
d’enregistrement/ salle de répétitions. Et alors, j’ai été apocalyptiquement
nul. A chier. A cause de la lumière je ne voyais pas l’auditoire, et manque de
peau, Stuart le saxophoniste, qui normalement couvre mon jeu de ses solos de
saxo, ne pouvait être la ce soir, du coup les gens ont pu vachement mieux
entendre que je me trompais une fois sur deux. Sans parler qu’à chaque chanson
je retirai puis remettais mes bouchons pour les oreilles pour éviter de prendre
1000 watts en plein cerveau. Du coup je n’entendais plus ma basse (ni vraiment
les autres instruments d’ailleurs) et je retirai mes bouchons, mais alors la ca
devenait vraiment trop fort. Tout ca en me trompant de notes et aussi de
rythme. Bref, cataclysmal. J’ai imploré la clémence de Craig après coup qui
s’est montre extrêmement indulgent (‘l’important c’est qu’on rigole un bon
coup). Et je lui ai promis de faire mieux la prochaine fois.
Or la prochaine fois, c’est demain, samedi 1er mars. Le Ashhurst
Music Festival. J’vous jure ! Les plus grands et les plus fameux groupes
de la région (voire de Nouvelle-Zélande) viennent jouer. J’ai deux concerts. Le
premier a 5 heures. C’est mon groupe, Zorn, qui joue pour la première fois. Je
n’ai pas encore le trac mais je pense que la pression va monter demain au saut
du lit. Je ne suis pas au point car j’oublie encore mes textes et mes solos
sont extrêmement aléatoires, mais les autres musiciens sont bons. Et puis faut
bien se lancer un jour non ? Avec Lidia, nous avons arrose (eau pétillante
et vitamine C) mon premier contrat (Jean-Robert Fougnazal étant évidemment le
nom du leader de Zorn) et donc, mon premier salaire : 200 dollars ? Complètement
dingue non ? Bien, sur ce je vous laisse car je dois aller répéter une dernière
fois. En prime et pour vous remercier d’avoir lu cette chronique moins
hilarante que d’autres, mais j’avais tellement de choses à raconter !
A la prochaine,
Achille
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