lundi 3 octobre 2011

Fin et debut de Zorn et premier haka !



Quelque chose me dit que j’ai eu raison de ne pas trop tarder à vous informer de la naissance du célèbre groupe de rock Zorn. Le week-end d’après la semaine d’enregistrements, le batteur me quittait et le guitariste aussi. Je viens de prendre une bière avec le bassiste et, heureusement, il reste dans le coup…pour les seances d'enregistrement (c'est dommage car je venais de decrocher un gros contrat pour égayer les stations BP de la région avec ma musique…). Le batteur, je m’y attendais un peu vu que ca faisait partie de l’accord de départ, il m’aidé à enregistrer un album et a joué a mon premier concert, maintenant il plie ses baguettes et s’instaure batteur de studio, ce qui le rend toujours accessible…mais pas gratuitement et vu le niveau du bonhomme (phénoménal), va falloir mettre les Ladigue à la diète pendant une semaine pour pouvoir se le payer une heure. Donc exit le batteur. Le guitariste, Craig, c’était une surprise, d’autant plus que je suis le bassiste dans son groupe. Il m’a expliqué qu’il jouait déjà dans trois autres groupes, qu’ajouter un groupe qui joue des compos originales par opposition aux groupes qui jouent des morceaux connus, lui prend beaucoup plus de temps qu’il ne le pensait et que ce temps il le prend sur ses propres compos etc, etc. Bref, on s’est quittés dans une atmosphère de franche camaraderie, et ce n’est pas parce que c’est un enfoiré de première que je vais lui en vouloir plus de 10 ans, hein, j’suis pas rancunier quand même (sale type, j'aurais ta peau !).

Ah ! Il faut aussi que je vous raconte la première de Zorn, épique ! Le 1er mars, vous vous en souvenez (v’s’avez intérêt) je jouais la première de Zorn au Petawchnock Music Festival (of the World). Bref, j’avais rameuté le ban et l’arrière-ban, lancé une grande campagne de promo, tout au long des deux semaines ensoleillées qui précédaient le grand rendez-vous de ce qui allait devenir, dans mon esprit enthousiaste et fertile, mon concert fondateur. Le samedi 1er donc, sous un crachin tenace et dru, nous voila arrivés a Petawchnock, dans un chouette café en plein air, avec vue sur une magnifique vallée bordée a l’est (laissez, c’est mon lyrisme naturel) d’immenses montagnes vertes et moutonneuses. Nous on jouait sous un auvent donc très à l’ abri des conditions climatiques peu en accord avec la solennité du moment. En face, l’immense foule (47 personnes, dont Lidia et les enfants et facilement 1/10e des personnes que j’ai contactées) s’est tassée sous le toit de la buvette d’en face pour éviter la gadoue et le crachin. Du coup, mon trac est tombé d’un coup vu que ca prenait une forme très improvisée. On a branché nos instruments; Gabor s’échauffait a la batterie, et la, au moment de faire vibrer les cordes de nos guitares, y a eu un grand Vouffffff, puis plus rien. Pas une étincelle, pas une diode d’allumée sur le tableau de mixage. Plus de jus du tout, dans tout Ashhurst. Le silence…TOTAL. On a attendu 15 minutes, 25 minutes, au bout de 45 minutes, l’organisateur nous a fait savoir qu’on aurait de l’électricité dans une heure mais que le programme suivrait son cours (ce qui revenait à dire que notre performance tant attendue passait a la trappe). Du coup, on a plié bagages et nous sommes allés jouer dans mon bureau, au Centre d’accueil des Immigres avec ceux des fans qui voulaient bien nous suivre. A 19 heures donc, au lieu de 17 heures, nous avons enfin commencé à dérouler nos chansons devant une foule de 18 personnes (dont Lidia et les enfants, les partenaires des musiciens, et trois refugiés congolais que je menaçais de reconduite a la frontière s’il ne faisaient pas acte de présence et quelques vrais fans en délire). N’empêche que les quelques pèlerins ont adoré au moins 5 des 7 chansons de Zorn, et ca, hein, tout de même, c’est pas rien. Y en a même une qui m’a commandé un cd (sous presse d’ici deux mois) avec ce formidable compliment qui fait tout de suite chaud au cœur, « dans mon bled en Limousin, a Saint Locdu le Vieux, y avait un groupe qui jouait pratiquement le même genre de musique » (pour toi ma chère, le cd, ca va être 150 dollars….). Bref, après ce succès d’estime (expression consacrée pour travestir « foirage grandiose»), le groupe était prêt pour aborder la semaine d’enregistrement. 6 heures de studio par jour pendant une semaine après le travail…autant vous dire que j’ai terminé sur les rotules et que ca se sent dans les chansons. Va falloir rejouer certaines pistes à la maison. Mais bon, la basse et la batterie sont excellentes. C’est déjà ca.

Maintenant, je prends un peu de repos d’autant que le tour est maintenant à Lidia avec la promo de son bouquin qui va sortir en avril. Random house met le paquet dans ce pays ou l’amour de la lecture passe après la passion pour le rugby, le jeu, la bière, et pas mal d’autres choses. Normalement, elle a deux interviews à la télé sur la première chaine, une radio et quelques interviews pour la presse écrite. La elle vient de terminer un entretien de deux heures (deux lignes dans l’hebdomadaire ?) pour NZ Listener avec un journaliste qui lui a demande si elle était juive (question que lui avait posée la directrice de la communication de Random House), ce qui indique qu’elle a bien fait son travail de recherches sur le personnage d’Elsa Kor. Croisons les doigts ! En tous cas Lidia retrouve un rythme de travail plus humain et l’autre jour, alors que nous avions assiste a un Hangi (je vais vous expliquer) une semaine plus tôt, Lidia nous a fait spontanément une démonstration de haka à diner, que j’en ai encore des frissons (alors que Cédric, Albert et Sosthène en pleurent encore de rire). Vous auriez du la voir en train de marteler des mots gutturaux, la bouche grande ouverte, les yeux exorbités et les sourcils férocement froncés, une vraie Maori a la veille d’une compétition internationale de rugby. Cédric s’est vite mis au diapason et j’ai eu droit pendant une demi-heure à un vrai haka à vous déchirer les tympans. Tout ca est venu d’une invitation il y a dix jours de cela à assister à un Hangi, qui est la façon de cuisiner Maori. Ca prend 5-6 heures (le fast food repensé par les Suisses) car tout est fumé. C’est-a-dire que vous pratiquez un trou dans le sol (de votre cuisine par exemple, juste a cote du four a pyrolyse), que vous entassez des braises et dessus, vous mettez pommes de terre, carottes, poulet et viande de bœuf. Enfin, pas vraiment dessus car ca brule rapidos, en fait un peu au-dessus car le tout est cuit non pas directement par les braises mais par la chaleur qui s’en dégage (d’ou les 5-6 heures de cuisson). Ensuite, 6 heures plus tard, à peine, hop, c’est prêt. Si vous aimez le gout de la fumée, vous allez TOUT aimer. A l’inverse, si vous ne l’aimez pas, va falloir faire semblant. Personnellement, j’ai trouvé le gout de fumée assez présent, les carottes très sèches, les pommes de terre aussi, la viande itou. Mais Lidia a trouvé cela « positivement intéressant et très diététique ». Ce hangi était précédé du fameux Haka que certains d'entre vous ont peut-être vu lors du mondial de rugby…? Une trentaine de jeunes habillés de noir et de blanc alignés sur trois rangées. Derrière, un guitariste donnait le tempo et la musique. La, les jeunes ont commencé à trembler des mains et a se constituer de féroces visages, a deux doigts de vouloir nous manger tout cru. Au son franchement guttural (en d'autres temps le gars aurait fait carrière dans certaines institutions d'Outre-Rhin) d'un Maori fou de rage, la première rangée de jeunes filles s'est mise à faire quelques mimes. Puis, soudainement, alors qu'elles mimaient sans doute la rencontre avec un autre peuple (les premiers colons anglais et leurs menaçantes caisses de pudding et de bière tiède), surgit de derrière elles le rang des jeunes gens franchement hostiles, l'air martial, les avant-bras brandis comme autant de machettes et les jambes très largement écartées. Cédric m'a regardé mais j'ai senti que si je croisais son regard à ce moment, il allait exploser de rire. En revanche, Albert et Sosthène étaient saisis par l'effet et captivés par le spectacle assez fascinant de ce haka (a un moment cependant, devant l'air inquiet d'Sosthène, je me suis demandé s'il n'avait pas fait haka dans sa ulotte, allez savoir…1)…d'ou le haka d’hier fait par Lidia (effet secondaire sans doute).

En clair, chaque occasion de rire est saisie et qu’il est difficile mener cette petite troupe de couillus de façon disciplinée. Mais bon, Cédric nous aide de plus en plus même s’il faut le lui rappeler une centaine de fois en trois minutes et Albert commence à être moins maladroit (ce qui jusqu'à présent le dispensait d’aider vu qu’il provoquait une catastrophe a chaque fois qu’il ramenait une assiette ou un verre a la cuisine). Le 2 avril, il fait son entrée dans l’école de Cédric et du coup l’aimable pression que j’exerce sur lui, a fini peut-être par lui faire comprendre qu’il fallait qu’il s’applique un peu dans ses différentes activités. Il a un coté très factuel associé a une nonchalance qui fait que c'est toujours lui qui se prend la marche, le tapis, la porte vitrée, le pied de la table, fait tomber l'assiette, l'assiette avec les couverts, l'assiette pleine de pates avec les couverts dessus, l'assiette pleine de pates avec les couverts dessus sur le logo de mon groupe travaillé a la main pendant deux heures (rrrrrrooooggnnnnnnntttuuuuddddjjuuuuuuuu Vvvvvvviiiiiiiiiictoooooooooooorr !!!!!!!!!!). L’autre jour, il tombe assez rudement parce qu’en courant il ne regarde que ses pieds et forcément, il n’a pas vu qu’il courait tout droit vers LE SEUL arbre de tous le terrain de jeux (10 000 mètres carres tout de même). Bref, BING ! l’arbre en pleine figure. Albert tombe et dit : "je suis tombé parce qu’il y avait un arbre sur mon chemin ". Pas faux remarquez. Evidemment, comme Cédric se met à rire, ca le fait pleurer. Tout rentre dans l’ordre finalement. Sosthène, profitant des bêtises et initiatives de ses frères (Cédric étant celui qui va systématiquement chercher à faire ce qui est interdit), s’amuse apporter sa petite touche personnelle. En clair, les enfants, c’est gentils parfois, mignons de temps en temps, fatiguant tout le temps, ca coute cher, c’est bruyant et c’est ingrat. Si moi-même je n’étais pas passé par ces stades-la, je me demande si j’en aurai eu, ai-je demandé a Lidia consternée (généralement faut rajouter "ben quoi" pour mériter une baffe mais je m’arrête avant). Mais bon, d'ici quelques années, ils vont entrer dans l'adolescence et la ca commencera vraiment à m'intéresser. En attendant, je surveille Albert qui tente péniblement de ramasser ses pates…
A la prochaine,
Achille





1  Je sais, mais celle-là je ne pouvais pas la laisser passer tout de même, hein?

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